Le parquet national antiterroriste a annoncé la mise en examen de l'auteur présumé de l'attaque au couteau de Romans-sur-Isère (Drôme) pour "assassinats en relation avec une entreprise terroriste". Il a été incarcéré à la prison de la Santé à Paris.
Le parquet national antiterroriste (PNAT) a annoncé mercredi la mise en examen pour "assassinats en relation avec une entreprise terroriste" de l'auteur présumé de l'attaque au couteau de Romans-sur-Isère (Drôme).
Plus tôt dans la journée, Abdallah Ahmed-Osman, un réfugié soudanais de 33 ans avait été présenté à un juge d'instruction antiterroriste par le PNAT. En fin de journée, il a été placé en détention provisoire à la prison parisienne de la Santé.
Il "aurait agit seul"
Selon un communiqué du Parquet spécialisé, "les premières investigations tendent à démontrer qu'il aurait agi seul, sans avoir été commandité par une organisation terroriste", précisant que le PNAT "prendra des réquisitions de placement en détention provisoire à son encontre".L'attaque dans les rues commerçantes de Romans-sur-Isère, dans un bureau de tabac, une boucherie et une boulangerie, commencée peu avant 11H samedi, a fait deux morts, un client d'une boucherie né en 1965 et un commerçant né en 1976.
Cinq personnes ont été blessées, dont trois étaient mercredi matin toujours hospitalisées dans un état stable, parmi lesquels un gérant d'un bureau de tabac où Abdallah Ahmed-Osman "avait l'habitude se de rendre régulièrement".
Deux autres Soudanais mis hors de cause
Un demandeur d'asile soudanais ainsi qu'un réfugié de 28 ans de même nationalité proche de l'assaillant avaient été aussi été placés en garde à vue samedi. Le premier a été libéré lundi, le second mercredi matin. Ils ne font l'objet d'aucune poursuite.Les investigations ont été confiées à la Sous-Direction antiterroriste de la Direction centrale de la police judiciaire, qui coordonne l'enquête, ainsi qu'à la Direction centrale de la police judiciaire et à la Direction générale de la sécurité intérieure.
Selon une source proche de l'enquête, Abdallah Ahmed-Osman a affirmé en garde à vue "ne pas se souvenir de ce qui s'est passé".
Il se serait senti "mal dans sa peau"
De même source, confirmant des informations de francetvinfo, il a dit aux enquêteurs se sentir "mal dans sa peau", "épié", et "supportait mal le confinement et son chômage technique" alors qu'il était employé dans la maroquinerie.Lors d'une perquisition à son domicile ont été trouvés "des documents manuscrits à connotation religieuse dans lesquels l'auteur des lignes se plaint notamment de vivre dans un pays de mécréants", "a priori" écrits par lui, selon le PNAT.
6 téléphones saisis
Six téléphones, dont cinq anciens appareils non exploitables, ont également été saisis. Une première expertise du sixième, qu'il utilisait actuellement, n'a pas permis de retrouver d'élément saillant pour l'enquête, a indiqué une source proche du dossier.Cette attaque, en plein confinement, est intervenue alors que la France vit sous une constante menace terroriste depuis la vague d'attentats jihadistes sans précédent amorcée en 2015, qui a fait 258 morts au total après l'attaque de samedi.
Le parcours d'Abdallah Ahmed-Osman
Abdallah Ahmed-Osman, né le 1er janvier 1987 à Tendelti, au Soudan, est inconnu des services de police et de renseignement français ou européen et n'avait "a priori pas d'antécédents médicaux", d'après le parquet national antiterroriste.Il est entré en France en août 2016. Il a successivement vécu en Seine-Saint-Denis, en Isère, avant d'arriver dans la Drôme.
"Il n'était pas connu défavorablement des divers centres par lesquels il est passé et aucune alerte sur d'éventuels troubles "psy" n'est remontée à notre connaissance", selon le patron de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii),
Didier Leschi.
Abdallah Ahmed-Osman a obtenu le statut de réfugié fin juin 2017 et le mois suivant un titre de séjour de dix ans.
De son passage à Moras-en-Valloire, dans la Drôme des collines, "rien, absolument rien, ne laissait présager (son) acte immonde", selon un communiqué du maire de la commune, Aurélien Ferlay.
"C'était quelqu'un de très discret, limite timide, souriant, aimable", a déclaré, "abasourdi", un de ses voisins de l'époque, Bruno.
Installé récemment dans le centre de Romans-sur-Isère, dans un logement à quelques mètres des lieux de l'attaque, il a obtenu début 2020 un certificat professionnel de maroquinerie, et travaillait dans une entreprise spécialisée dans le secteur.
"C'était un jeune homme très discret, apprécié de tous, travailleur. On n'a rien vu venir, c'est terrible !", a commenté un membre de la direction au quotidien régional Le Dauphiné Libéré.