"Je titubais, j'avais des trous de mémoire et j'ai fait une crise de panique" : pour lutter contre la drogue du violeur, deux Normands ont inventé un chouchou anti-GHB

Ces dernières années, de nombreuses victimes assurent avoir été droguées à leur insu lors de soirées étudiantes. Pour protéger son verre, des solutions innovantes fleurissent, comme ce chouchou anti-drogue, inventé par deux étudiants normands.

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C'était un soir de décembre, l'an passé. Julie* boit un verre avec des amis dans un bar du centre-ville de Rouen. Elle se sent en confiance. Après avoir bu deux bières, elle commence à ressentir une sensation désagréable. "J'ai très vite constaté que j'étais dans un sale état. Je me sentais extrêmement vulnérable, j'ai commencé à tituber, je ne me souviens pas de grand-chose", confie la jeune femme, âgée de 28 ans. 

Le GHB est mis sous forme de pilule ou de liquide dans les verres pour droguer les personnes à leur insu (illustration) © MAXPPP

La Rouennaise affirme qu'elle n'avait pourtant pas le ventre vide. La situation l'inquiète et lui provoque un sentiment de panique. "J'ai senti que mon état ne cadrait pas avec la quantité d'alcool que j'avais bue et que je supporte en temps normal très bien", décrit Julie. À ce moment-là, la jeune femme se sent très faible, avec le besoin de s'éloigner très rapidement du bar. "Je me sentais très fragile, j'avais peur des gens. J'étouffais". 

La drogue du violeur

De cette soirée, Julie garde seulement ces souvenirs. Le reste lui échappe. Qu'a-t-elle fait en rentrant chez elle ? Impossible à dire, Julie ne se souvient de rien. "Le lendemain, j'avais seulement quelques flashs de la soirée que j'avais passée".

Je titubais, je me sentais extrêmement faible, j'avais froid. Je parlais d'une manière pâteuse, j'avais des difficultés d'élocution très importantes. J'avais des trous de mémoire et j'ai fait une crise de panique.

Julie, victime

Une fois réveillée, la femme prend conscience de la situation et pense alors avoir été droguée dans l'établissement avec du GHB, surnommé "la drogue du violeur". Cette drogue de synthèse, incolore et inodore, peut être versée dans un verre à l'insu du consommateur, et a déjà fait de nombreuses victimes, en Normandie, et dans le reste du territoire français. 

Souvent ajouté à la dérobée dans les verres, le GHB permet une soumission chimique de la victime, facilitant une agression sexuelle.

Des effets sur plusieurs heures

Julie mène sa petite enquête et tente de retracer le fil de sa soirée, avec le peu de souvenirs qui lui reste. Elle découvre qu'une autre personne qui l'accompagnait ce soir-là a ressenti les mêmes symptômes. Malgré le mal-être qui les touchent, aucun ne porte plainte.

Image d'illustration. Du GHB est versé dans le verre d'une femme dans un bar. © VALLAURI NICOLAS / MAXPPP

"C'est compliqué, car lorsque l'on a une expérience comme celle-ci, on ne sait pas vraiment si on a été drogués. Le GHB reste seulement quelques heures dans le sang, donc il aurait fallu faire des examens dans la foulée", regrette Julie. "Je suis rentrée aux alentours de 20h chez moi, le lendemain, il était trop tard pour me faire tester. Je ne suis plus jamais retournée dans ce bar". 

Comme Julie et son ami, des dizaines de personnes, majoritairement des jeunes femmes, ont été droguées à leur insu ces dernières années à Rouen. En 2021, une employée du Centre Hospitalier Universitaire avait d'ailleurs lancé l'alerte sur les réseaux sociaux. Trois jeunes filles avaient été admises aux urgences et en service de réanimation après avoir ingéré du GHB.

Chouchou antidrogue

Pour éviter d'être drogué à son insu, des entrepreneurs mettent au point des accessoires. C'est le cas de deux jeunes étudiants rouennais qui ont inventé des "chouchous antidrogue" pour lutter contre la soumission chimique.

Le chouchou anti-drogue. © France TV

"Nous proposons un accessoire du quotidien qui se porte aux cheveux ou au poignet. L'idée est de le porter tous les jours et si vous allez en soirée, vous avez simplement à retirer la protection en tissu du chouchou et la poser sur le verre", explique Charly Boissée, co-inventeur du projet "Protect your glass".

Nous travaillons sur des protections qui peuvent aussi convenir aux hommes

Charly Boissée, co-fondateur de Protect your glass

Depuis deux ans, l'objet est commercialisé et est vendu notamment aux associations étudiantes, dans les bars et boîtes de nuit. 

Regardez ce reportage de Myriam Libert et Charlotte Sebire :

durée de la vidéo : 00h01mn53s
Un chouchou anti GHB ©France 3 Normandie

Une innovation qui a été récemment saluée et valorisée par la métropole rouennaise lors du concours "Créatifs". La jeune entreprise, lauréate, a décroché un financement de 5 500 euros. Si aujourd'hui la fabrication de ce chouchou est basée en Asie, les deux jeunes étudiants souhaiteraient relocaliser la production en France, voire en Normandie. 

Julie* : le prénom a été modifié afin de préserver son anonymat.

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