En l'absence des épisodes cévenols cet automne et cet hiver, les sols des départements de Drôme et d'Ardèche sont très secs. Le vent a amplifié le phénomène. Les pluies du printemps sont attendues avec impatience par les agiculteurs.
Un pan entier de montagne ardéchoise près de Malarce-sur-la-Thines a été ravagé par les flammes. Conséquence d'un écobuage mal maîtrisé, mais la distance parcourue par l'incendie, 70 hectares, témoigne aussi de l'état de sécheresse des sols.
Adapter les cultures
C'est la répercussion d'un manque d'eau cet hiver, constaté par cet exploitant agricole dans ce secteur du sud Ardèche. "Comme il y a un déficit hydrique important de 600 ml d'eau, parce qu'on n'a pas eu les épisodes cévenols de l'automne et de l'hiver, le sol est extrêmement sec même en profondeur" explique Jean-François Lalfert. L'épisode neigeux a apporté un peu d'eau, mais en très petite quantité.
Pour maintenir une production, le castanéiculteur est contraint de modifier sa manière de travailler en sélectionnant des variétés tardives, car les précoces ne reçoivent plus l'eau dont elles ont besoin. Il va devoir couper certains arbres pour les remplacer par des essences en porte greffes tardives, mieux adaptées à la météo, car capables d'attendre les pluies d'automne. C'est une réflexion globale sur toute la châtaigneraie qui est amorcée.
Pas de pluie depuis le 15 décembre
Le déficit est de 25% entre janvier 2022 et janvier 2023 en Drôme et de -20% en Ardèche selon les relevés de Météo France. Le mois de janvier a été le 3e mois plus sec depuis le début du XXIe siècle.
À Alixan, en vallée du Rhône, la préparation des terres apporte son lot de surprises.
Quand on fait du labour, on ne devrait pas voir de la poussière. Ça devrait être beaucoup plus humide. Ça prouve que les terrains sont beaucoup trop secs pour la saison.
Jean-Pierre Royannezprésident de la chambre d'agriculture de la Drôme
Les agriculteurs comptaient sur l'automne et le début de l'hiver pour refaire les stocks, mais les précipitations n'ont pas été à la hauteur de leurs espérances. Un scénario qui rappelle tristement l'hiver précédent. Les nappes phréatiques sont loin d'être pleines mais "il y a du stock sous nos pieds".
18 jours de vent sans interruption
Un déficit hydrique aggravé par le mistral qui a soufflé 18 jours d'affilée
"Avec le vent qu'on a eu, les sols ont séché encore plus. Les céréales d'automne - qui sont en repos végétatif - sont en train de démarrer leur programmation pour faire la récolte 2023 et faire monter les épis" poursuit-il. Sans eau, c'est plus compliqué.
Aucune précipitation n'est attendue dans les 10 prochains jours, mais les agriculteurs veulent croire en un printemps, voire un été pluvieux, seule solution pour assurer de bonnes récoltes et des rentrées de trésorerie indispensables.