Alors qu'Amazon se sent presser par la justice française, le géant du commerce en ligne imagine la suspension de ses activités en France. L'entrepôt de Montélimar (Drôme), comme les 5 autres sites, pourrait fermer temporairement.
Mardi 14 mars, le tribunal judiciaire de Nanterre a reconnu que la société Amazon France avait "de façon évidente, méconnue son obligation de sécurité et de prévention de la santé des salariés". Elle doit donc mener une véritable évaluation des risques et, en attendant, s'en tenir strictement aux envois de produits essentiels, sous peine d'amende d'un million d'euros par jour de retard et par infraction. Cette décision est tombée après un combat judiciaire mené par les syndicats.
Au lendemain de cette décision, Amazon a fait part de son ressenti dans un communiqué: "Notre interprétation suggère que nous pourrions être contraints de suspendre l'activité de nos centres de distribution en France".
La fermeture provisoire des entrepôts pendant 5 jours, du 16 au 20 avril, serait à l'ordre du jour du Comité Social et Economique central prévu ce mercredi après-midi. Cette période devrait permettre de conduire l'évaluation des risques ordonnée par le tribunal de Nanterre. On note toutefois dans le ton, une incompréhension de l'entreprise.
Amazon se déclare "perplexe" après la décision de justice, "compte tenu des preuves concrètes qui ont été apportées sur les mesures de sécurité mises en place pour protéger nos employés.""Actuellement, nous continuons à opérer dans le pays et faisons tout notre possible pour maintenir le niveau de service attendu par nos clients en France, les emplois sur lesquels comptent nos collaborateurs (...). Cependant, sans la possibilité d'exploiter nos centres de distribution en France, nous serions contraints de restreindre un service qui est devenu essentiel pour les millions de personnes à travers le pays qui souhaitent avoir accès aux produits dont elles ont besoin chez elles pendant cette crise", prévient le groupe.
Des mesures sans évaluation
Amazon, qui employait en février près de 6.500 salariés en CDI et 3.600 intérimaires dans ses six entrepôts français, assure avoir distribué sur ses sites "plus de 127.000 paquets de lingettes désinfectantes, plus de 27.000 litres de gel hydroalcoolique, ainsi que plus de 1,5 million de masques" et avoir "mis en place des contrôles de température et des mesures de distanciation sociale", notamment.Mais ce que des salariés reprochent, c'est justement une multiplication des mesures sans évaluation. Les prises de température de salariés occasionnent par exemple des queues à la prise de service, et donc des contacts favorisant une éventuelle contamination. Le tribunal de Nanterre a en outre mentionné que les portiques à l'entrée des sites, représentent "une source de contamination importante" aux heures de pointe, la manipulation des colis par plusieurs intervenants est aussi pointée comme les situations de travail rapprochées.
Le groupe a fait l'objet de cinq mises en demeures de l'inspection du travail, dont trois ont été levées, les deux autres sites (Montélimar dans la Drôme et Saran dans le Loiret) devant faire l'objet d'un nouveau contrôle.