Le sud de la Drôme est en pleine récolte de la lavande. Cette production typiquement méditerranéenne a longtemps été très rentable pour les agriculteurs, mais aujourd'hui, la surproduction lamine le marché.
Il froisse un brin de lavande entre ses doigts pour évaluer sa maturité. "Là, on est sur une plantation de lavandin grosso, qui a quatre ans. On est en fin de floraison, c'est parfait pour la récolte...". Eric Peyre-Laroute est lavandiculteur près de Crest, dans le sud de la Drôme. Cet été, sa récolte accuse trois semaines de retard : un printemps frais et pluvieux a un peu bousculé le calendrier.
Les cours du lavandin dégringolent
L'heure de la coupe est venue sur ses parcelles et sa production est belle, les plantes bien développées. Mais le lavandiculteur est malgré tout inquiet : la rémunération de son travail est loin d'être garantie.
"On est sur des cours de marché qui sont très très bas et qui couvrent à peine nos frais de fonctionnement : la récolte, le transport, la distillation et l'entretien de la plantation" souligne Eric, un peu désabusé. "Il faut espérer que, dans les années à venir, les cours remontent pour qu'on puisse dégager plus de marge."
C'est une réalité, depuis trois ans, le cours du lavandin n'a cessé de dégringoler : 60 % de baisse pour un kilo payé au producteur. Autrefois très rémunératrice, la culture de l'emblématique plante du sud a suscité des convoitises. Beaucoup trop.
Des champs de lavande dans toute l'Europe
Tout le monde s'est mis à produire de la lavande, bien au-delà des zones méridionales traditionnelles. On en cultive désormais un peu partout en France, et même dans toute l'Europe. La seule solution aujourd'hui pour faire remonter les prix payés aux producteurs : supprimer des parcelles.
Alain Aubanel est le président du syndicat des producteurs français de plantes aromatiques. Il ne peut que constater la surproduction et la nécessité de réguler la culture de la lavande. "L'année passée, près de 3 000 hectares ont été arrachés. Cette année, on va en arracher à peu près la même surface. Mais on a du stock et la consommation a légèrement baissé. Ça devrait se réguler, mais pour l'instant, on est incapable de dire combien de temps cette surproduction va perdurer".
L'État français a débloqué une aide d'urgence de 10 millions d'euros pour venir en aide aux producteurs en difficulté. Un geste bienvenu, mais qui demeure insuffisant pour sauver un secteur qui traverse une crise profonde.