Cette année dans la Drôme, la récolte de lavande ne s'annonce pas très bonne et les coûts de production ont explosé. Les prix de revente se sont quant à eux effondrés.
La lavande n’a pas résisté aux rayons du soleil. Dans son champ, le producteur cueille quelques brins abîmés : « ça c'est une lavande qui a souffert du sec et qui ne fera pas de rendement ou presque pas », déplore Jean-Luc Oddon, producteur à Aix-en-Diois.
Perte de rendements
Ici, la sécheresse sévit depuis de longues semaines, et de nombreux plans n'y ont pas résisté. Par endroit, ce sont des rangées entières qui ont été cuites par le soleil. « D'après les premières estimations on devrait avoir une perte d'environ 20 à 30% de rendement par rapport à une année normale », regrette le producteur drômois.
En plus des pertes de rendements, moins d’argent rentrera dans le porte-monnaie cette année. « Je pense qu'on gagnera très peu d'argent, certains risquent même d'en perdre », ajoute-il.
Difficile d'être optimiste pour ces producteurs, d'autant que la sécheresse n'est pas leur seule préoccupation.
La distillation impactée
Pour obtenir leur produit fini : l'huile essentielle de lavande, il faut distiller les fleurs. Un processus qui utilise du gaz comme combustible. Principal coût pour les distillateurs.
« Suite aux conséquences de la guerre un Ukraine, le prix de l'énergie a complètement explosé, nous sur le gaz on est à +71% d'augmentation, mais on a aussi l'augmentation du prix du carburant », souligne Alain Aubanel, distillateur à Chamaloc et président du syndicat Plantes de France. « Petite récole et forte augmentation des coûts de récolte et de distillation » résume Alain Aubanel.
Des zones fertiles concurrentes
Et ce n'est pas tout. Les producteurs traditionnels font face depuis quelques années à une nouvelle concurrence, dans des zones très fertiles où la lavande n'existait pas jusqu'alors, comme la région parisienne ou l'Occitanie.
« Ils ont des plus grosses surfaces, des coûts de reviens beaucoup plus bas que chez nous et des rendements deux ou trois fois plus élevés » calcule Alain Aubanel.
Résultat les prix de revente se sont effondrés de 40 à 15€ le kg. Une concurrence que les producteurs traditionnels jugent déloyale.
« Aujourd'hui ils peuvent faire du blé, du soja, du tournesol, de la moutarde, en gros tout ce qu'il manque à la France ils peuvent le faire dans ces zones-là, par contre chez nous à part de la lavande, il n’y a pas de plan B » ajoute-il .
Alors plutôt que de vendre à perte certains producteurs locaux hésitent à ne pas récolter. Ils réclament des mesures fortes pour compenser l'explosion des coûts de production, et mettre fin à cette nouvelle concurrence.