MAL-LOGEMENT. "Je suis en mode survie" : ces ménages invisibles, hors des circuits

La fondation Abbé Pierre vient de publier un rapport sur la situation du mal logement en région Auvergne-Rhône-Alpes. On estime que 10 à 15.000 personnes vivraient en "habitat précaire". Un phénomène récent qui inquiète les auteurs. Ces personnes isolées dans des territoires ruraux sont considérées comme les ménages invisibles.

Dans son enquête, très documentée, la fondation Abbé Pierre cite quelques exemples de parcours de vie. Comme celui de Claude dans le sud Drôme qui, à la suite d'un accident du travail, va s'endetter. Expulsé de son logement, il va se réfugier sur un petit terrain dont il est propriétaire. Il va ériger un cabanon et depuis quelques années, il vit là, sans eau, ni électricité. 

Pas d'accès aux minimums vitaux

Des situations comme celle-ci sont monnaie courante. Dans la Drôme, l'enquête menée par Soliha (Solidaires pour l'habitat), a été délicate. La majorité de ces ménages "vivent souvent de manière isolée et sont rarement demandeurs d'aide" selon le rapport.

Les auteurs expliquent que "ce qui pose problème c'est bien l'indignité des situations de vie et les nombreux besoins non satisfaits" (comme l'accès à l'hygiène, à l'eau, à la santé,...).

Dans le détail, l'enquête a mis en lumière des situations dans le Diois, à Montélimar et à Buis-Les-Baronnies. 23 "situations" ont été identifiés. Parmi elles, 16 vivent en milieu rural isolé. 

Sans surprise, il n'y a pas de profil type de la personne en situation d'habitat précaire. On rencontre beaucoup de personnes seules, mais aussi des couples.

Enquête de la Fondation Abbé Pierre en Auvergne-Rhône-Alpes

L'enquête détaille même les différentes formes d'habitat. Du mobil-home à la voiture, en passant par la caravane.

L'étude se base également sur les données statistiques de l'INSEE. On y découvre que le profil "type" est majoritairement un homme (à 58%), souvent allocataire du RSA, avec une moyenne d'âge de 40 ans.

Quels enseignements ?

La faible production de logements sociaux dans certaines communes rurales explique, en partie, ce nouveau phénomène. Les acteurs sociaux rencontrent des difficultés pour "repérer" ces ménages, car souvent isolés et ne cherchant pas forcément les aides.

Dans un chapitre consacré à la "mise en visibilité", les auteurs notent : "il est constaté, dans la vallée du Rhône, la prégnance de situations de personnes venues faire les saisons mais qui ne repartent pas". Et d'expliquer que pour certaines d'entre elles, en grande précarité, des parcours d'habitat se sont interrompus, entrainant des problèmes d'addiction.

Le rapport de la fondation est largement documenté et illustré de témoignages, comme celui de Nadège, 55 ans, en errance depuis 2016 : "je suis en mode survie. Je m'occupe mal de moi. Je me nourris mal. Je ne m'en sortirai pas ici".

La fondation rappelle qu'entre 2011 et 2016, les chiffres des personnes recensées dans des habitats de fortune avaient augmenté de 18%.

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