Le refuge pour animaux de Saint-Roch à Valence (Drôme) va s'installer sur un nouvel emplacement à Etoile-sur-Rhône. Cette future arrivée crispe certains riverains. Ils pointent un manque d'informations face aux potentielles nuisances et veulent plus de réponses.
Un refuge pour animaux novateur, "une première en France" pour ses créateurs, va ouvrir ses portes courant 2025 à Etoile-sur-Rhône dans la Drôme, sur un terrain occupé auparavant par une pension et un élevage de chiens. Certains riverains craignent des nuisances et souhaitent être davantage consultés.
"Un refuge d’animaux, c’est très bien, il en faut et personne n’est contre. Mais maintenant on a des questions légitimes et on attend des réponses. Pour le moment on n’en a pas", argue Pascal Grussenmeyer, un éleveur d'autruches qui vit et travaille à 400 mètres de la future installation.
"On a peur du bruit, de la pollution de l’Ozon (une petite rivière attenante, NDLR), par l’urine des chiens et la perte de la valeur de nos maisons" complète Jack Sabatier, un autre voisin.
Les questions fusent. Comment vont être gérés les flux de véhicules des futurs adoptants, des salariés et des bénévoles ? Y a-t-il des risques d'attaques de chiens quand ceux-ci sont abandonnés devant le refuge ? Comment les promenades et les nuisances qui en découlent vont être gérées ?
Ils affirment avoir découvert le projet au moment des premiers travaux, et que la commune ne les a jamais prévenus. "On est pour la construction d'un refuge, mais on aurait aimé participer aux discussions", complète Jack.
Un refuge innovant...
Les promoteurs du projet, la fondation BIRD, ainsi que les futurs exploitants, l'association de sauvetage et de protection des animaux du refuge Saint-Roch de Valence tiennent à rassurer leurs futurs voisins.
"Le projet est différent des refuges tel que nous les connaissons aujourd'hui", explique Pierre-Henri Aupecle, le directeur du refuge de Saint-Roch. "On va sortir des boxes et offrir de la semi-liberté à nos animaux. Cela signifie des grands parcs, des maisons dans lesquelles ils pourront être mis la nuit et surtout une sociabilité qui pourra être testée avant une potentielle adoption".
Innovante en France, cette nouvelle installation devrait permettre aux chiens accueillis de sortir du système "carcéral" répandu dans les refuges aujourd'hui. Fini les mini-boxes individuels, bonjour les grandes maisons à partager en meute de 10 à 12 chiens avec, pour chacune, un terrain de 1000m² comme territoire.
"Notre but, c’est d’avoir un espace pour que les gens puissent venir nous rencontrer et n’aient plus peur de pousser la porte d’un refuge en se disant ‘’oh mon Dieu, cela va être que des boxes, c’est la tristesse animale"", poursuit-il.
En termes d’aboiement, le fait d’avoir des chiens plus posés, plus sereins, moins angoissés va forcément diminuer les nuisances.
Pierre-Henri Aupecle, directeur du refuge de Saint-Roch
Le directeur en est sûr : accroître le bien-être des animaux recueillis, c'est également accroître le bien-être des riverains de l'installation. "En termes d’aboiement, le fait d’avoir des chiens plus posés, plus sereins, moins angoissés va forcément diminuer les nuisances".
Il reconnaît néanmoins que l'installation étant une première en France, il est difficile pour l'heure de mesurer exactement à quel point les nuisances seront réduites.
... Et dans les règles
Du côté du fonds de dotation à l'origine du projet, on assure également être en règle. Sa directrice, Marie-Laure Brenier, affirme : "Quand on se lance dans un projet comme celui-ci, c’est très encadré par les autorités. Le refuge doit être une ICPE - une Installation classée protection de l’environnement -, donc les services de l’Etat doivent valider le projet."
Par ailleurs, les riverains ont eu l'occasion de donner leur avis lors d'une consultation publique ouverte entre mars et avril 2024.
Elle répond également aux craintes des riverains : "Tous ces sujets, de pollution d’eau, de l’environnement, des sols, du bruit, ce sont des sujets qui sont étudiés avec des mesures prises sur le terrain". Elle prend pour exemple les nombreux changements de plan d'architecture de la structure afin d'enfin trouver les dessins qui seront conformes. "Les pollutions seront ainsi maîtrisées", promet-elle.
Aujourd'hui, la fondation appelle à l'apaisement : "On a dû renoncer à organiser un événement pour la pose de la première pierre suite à des menaces de perturbations. C'est vraiment dommage car cela aurait été l'occasion de lever des fonds pour les futurs exploitants du refuge. Or, ils ont besoin de ces fonds pour les animaux", conclut Marie-Laure Brenier.
Si les travaux ne prennent pas de retard, le refuge devrait ouvrir ses portes à l'été 2025.