La ville de Romans-sur-Isère (Drôme) est devenue officiellement le 3 décembre 2020 propriétaire de la friche Jourdan, coupant court au projet du fabricant de jeans 1083 d’y installer ses nouveaux locaux. Son patron Thomas Huriez réagit et pense déjà à l’avenir.
Par une délibération du 3 décembre 2020, Valence Romans Agglo décide de céder le tènement de la friche Jourdan à la Ville de Romans-sur-Isère. La Maire de la commune drômoise, Marie-Hélène Thoraval prévoit d’y faire construire un gymnase.
Depuis 4 ans, l’entreprise 1083, qui fabrique des jeans et des chaussures made in France avait l’ambition d’y installer ses bureaux, ateliers et magasin. Mais tout est donc tombé à l’eau.
« Cette décision nous écoeure », explique Thomas Huriez, le patron de 1083, qui a toujours du mal à « digérer ».
"C’est un dossier très compliqué", précise-t-il, dont les différentes étapes sont précisées dans un long communiqué :
"Après un 1er compromis de vente devenu caduque suite aux mesures de dépollution imposées à la communauté d’agglomération par le code de l’environnement, la ville de Romans nous informait fin 2018 - 2 ans après le vote - que nous pouvions à présent déposer notre permis de construire.
En février 2019, tous les voyants du projet étaient au vert : nous portions ce projet de Cube 1083 avec nos banques, et nous avancions avec les investisseurs intéressés.. Confiants dans le calendrier annoncé, nous tombions d’accord sur une date d’achat et de fin de compromis de vente au 31 décembre 2019, ce qui nous laissait 4 mois pour monter techniquement le financement du projet. »
Le permis de construire est finalement remis en novembre 2019, tout au bout du délai légal, ne nous permettant pas d’instruire les recours techniques et administratifs. Nous avons demandé une prolongation du compromis de vente, auquel la ville et l’agglomération ne vont pas donner suite.
Alors que juridiquement rien ne l’imposait, Valence Roman Agglo nous a répondu en janvier 2020 qu’il paraissait " raisonnable d’attendre le renouvellement électoral pour présenter notre projet aux nouveaux élus et solliciter leur approbation en vue de la signature d’un nouveau compromis" ».
Et le couperet est donc tombé le 3 décembre 2020 en conseil communautaire : "La ville de Romans a demandé à Valence Romans Agglo de racheter l’usine pour la détruire et réaliser un gymnase."
"Ces 4 années représentent des milliers d'heures de travail de nos équipes, de nos partenaires, des techniciens des collectivités, de nos sous-traitants. Nous adressons à chacune et à chacun nos remerciements et nos pensées émues, désabusées. Ces 4 années représentent beaucoup d’argent engagé par 1083 en études, analyses, préparation du permis et du chantier"
La friche Jourdan, un sujet politique
Joint par téléphone, Thomas Huriez évoque ce revers avec une pointe d'amertume. A l'été 2019, il prend la décision d'être candidat à l'élection municipale dans sa ville de Romans-sur-Isère, sans étiquette politique, un choix "citoyen".
"Je savais que j’entrais dans un système compliqué, mais je n'imaginais pas que cela porterait préjudice à ce projet là." La maire sortante de Romans, Marie-Hélène Thoraval (LR) sera réelu en juin 2020 avec 53,5% des voix, contre 46,5% pour Thomas Huriez. "La ville de Romans résume la situation à sa manière : 1083 n’a pas les moyens de réaliser ce projet. C’est un refrain de Marie-Hélène Thoraval de le décrédibiliser, c’est un sujet médiatique de communication opportun" selon le patron de l'entreprise de jeans.
1083 : une implantation locale en priorité
Thomas Huriez évoque la forte croissance de sa société de jeans et de chaussures "Made in France." "Elle s'accélère depuis le premier confinement, elle a plus que doublé en 2020. Nous avons aujourd'hui 70 salariés, alors que nous étions 2 il y a 7 ans au démarrage."
"On digère économiquement, émotionnellement et juridiquement l'abandon du projet d'installation sur le site de l'ancienne friche Jourdan. Nos avocats analysent le sujet. On a plus grand-chose à perdre avec tout ce qu’on a investi."
Trop à l'étroit dans les locaux de l'avenue Gambetta, la société 1083 est en quête d'un nouvel espace pour installer bureaux, atelier et magasin. Plusieurs collectivités et élus se sont déjà manifestés, de l'Ardèche en passant par l'Auvergne et la Seine-Maritime, mais Thomas Huriez ne préfère pas en dire davantage.
"L'essentiel est de trouver un tènement adéquat, compatible avec nos idées et nos enjeux industriels". Nous allons voir toutes les possibilités, en priorité au niveau local. Si ce n'est pas à Romans, on s'est fixé un rayon de 20 km , pour ne pas être trop loin des lieux de distribution des centre-ville. Nous avons besoin d'au moins 4000 m². On va continuer de travailler et de voir les options"