Bourse d'étude et accompagnement à l'installation ont permis à Anaïs Liétard et Pierre-André d'ouvrir leur cabinet médical dans la maison de santé de Saint-Jean-en-Royans dans la Drôme.
Fraîchement diplômée, Anaïs Liétard et son époux, Pierre-André Cheminel, lui aussi médecin généraliste, ont décidé de s'installer à Saint-Jean-en-Royans en juillet dernier.
Anaïs Liétard croule sous les demandes. "J'ai déjà plus de 600 patients. La moyenne pour un médecin est entre 1200 et 1500. On est obligé d'échelonner pour éviter d'avoir 3 mois de délais mais c'est une nécessité de prendre de nouveaux patients. On ne peut pas laisser les gens qui ont de gros antécédents et des traitements lourds tout seul sans suivi médical".
Des aides existent
Les deux médecins ont fait le choix de ce désert médical, loin de leurs attaches familiales. D'abord pour la structure toute neuve : une maison de santé pluridisciplinaire avec 4 médecins, un cabinet infirmier, une orthophoniste, un dentiste un cabinet de sages-femmes et bientôt un kiné. C'est rassurant de pouvoir compter sur d'autres professionnels de santé? Cette aide est importante dans l'exercice quotidien de la médecine et améliore la prise en charge des patients.
Et aussi parce qu'ils sont tous les deux liés par un contrat : ils ont perçu une bourse (CESP contrat d'engagement de service public) de 1 000 euros mensuels pendant leurs études. En contrepartie, ils doivent s'installer en désert médical au prorata du nombre d'années d'indemnités perçues.
Une autre subvention les a aidés à s'installer. L'ARS et la CPAM les ont accompagnés pour créer leur entreprise car ils s'installaient dans une Zone d'intervention prioritaire pour un certain temps. Ils ont ainsi pu financer l'achat de matériel.
Mais elles sont insuffisantes
Si l'on examine le paysage médical des territoires isolés, on peut très vite conclure que ces aides se révèlent insuffisantes pour inciter les jeunes médecins à combler les zones en tension médicale.
"Ce qui peut peut inquiéter un jeune médecin quand il veut s'installer dans ces territoires-là, c'est est-ce qu'il y a un travail pour son conjoint, un endroit pour faire garder ses enfants, pour les scolariser ? Comment s'organise la vie sociale à côté de la médecine ? C'est un problème plus général qui concerne l'attractivité locale plus que uniquement reprendre, un cabinet, une patientèle et un chiffre d'affaire" explique Pierre-André Cheminel, médecin.
Pour le jeune docteur, un besoin reste à satisfaire. Il s'agirait de décharger le professionnel de santé de tout le suivi administratif lié aux consultations. Une activité très lourde et chronophage..
Plutôt que d'avoir une structure offerte, un médecin serait intéressé par une participation au financement d'un secrétariat. On a envie que notre métier soit centré sur le patient.
Pierre-André Cheminel, jeune médecin en ZIP
Le couple de médecin a le projet de s'installer définitivement dans le Royans et leur présence ne sera pas de trop. Cet été, un autre généraliste du village partira à la retraite sans garantie de trouver un successeur.