L'artiste Dani Lary a grandi à Romans-sur-Isère, à côté du café-théâtre La Charrette dont l'un des propriétaires a été tué au couteau samedi. Il nous raconte les liens qui le lient à la famille Vinson.
C'est l'un des romanais les plus célèbres qui se trouve en état de choc après l'attaque terroriste perpétrée samedi à Romans-sur-Isère. Choqué parce que c'est sa ville, mais aussi parce qu'il est un proche de la famille d'une des victimes, Julien Vinson, propriétaire du café-théâtre La Charrette, où Dani Lary a fait ses premiers pas sur scène. Journaliste à France 3 Rhône-Alpes, Yaëlle Marie s'est entretenu avec lui.
YM: Quel est votre état d'esprit après cette attaque meurtrière?
DL: Je suis choqué, J'ai passé une nuit épouvantable et je me suis dit "j'ai fait un cauchemar". Mais quand je me suis réveillé, que j'ai vu tous les messages, que ce n'était pas un cauchemar, et bien aujourd'hui je n'arrive pas à comprendre. Je me pose des milliers de questions, c'est difficile à accepter. Je ne comprends pas.
YM: Quel lien avez-vous avec la famille Vinson?
DL: Mon père avait un magasin de meubles juste à côté de La Charrette, on était voisins. Quand j'avais 13 ans, je me disais "Quand je serai grand, je serai magicien et je travaillerai à La Charrette" car Christian Vinson (père de Julien), c'est l'un des premiers à avoir un café-théâtre en province et son établissement a une renommée nationale et internationale. Tous les artistes le connaissent. C'est lui qui m'a fait démarrer dans le métier, j'ai fait mes premiers spectacles là-bas.
La première fois que j'ai fait un spectacle pour Julien, c'était pour son "cacao dansant". Christian avait organisé une petite fête entre tous ses copains pour son anniversaire et j'avais 18 ans sur cette photo que j'ai postée, Julien devait avoir 5 ou 6 ans et on ne s'est plus jamais quitté.
YM: Donc évidemment, vous connaissiez très bien Julien.
DL: S'il n'y avait pas eu le confinement pour les obsèques de Julien, non seulement il y avait tout Romans mais aussi toute la profession artistique. Patrick Sébastien m'a demandé tout de suite le numéro personnel de Christian pour lui envoyer un mot. Dans le monde du café-théâtre, c'était incontournable. Et Christian avait bien réussi à transmettre l'établissement à ses fils, Julien et Clément. Clément était plus jovial, parlait et plaisantait tout le temps, et Julien, c'était le sage, calme, c'était un vrai gentil. Il était toujours derrière le bar et regardait ce qui se passait de très loin, très discret.
YM: Comment peut se passer l'hommage à Julien Vinson avec le confinement?
DL: J'ai une idée. Dès que je raccroche avec vous, je vais aller voir Christian Vinson. J'ai la chance d'avoir une très très grande salle de spectacle juste à côté de Romans qui peut contenir jusqu'à 2.000 personnes. Je vais lui proposer de se réunir tous, de faire une belle fête. On ne peut pas laisser ça comme ça.