"Les grandes victimes sont les clients qui seront les derniers à être indemnisés", le tribunal de commerce de Paris prononce la liquidation judiciaire d'Indexia

Bientôt jugé au pénal pour pratiques commerciales trompeuses et attaqué au civil par des centaines de clients dénonçant des prélèvements indus, le groupe Indexia spécialisé dans les assurances pour téléphones et produits multimédia jouait sa survie ce mercredi 22 mai au tribunal de commerce de Paris. La holding et plusieurs entités du groupe Indexia ont été placées en liquidation judiciaire.

Le couperet est tombé pour le groupe Indexia. En début d'après-midi, ce mercredi 22 mai, le tribunal de commerce de Paris a prononcé la liquidation judiciaire à l'encontre de la holding et de plusieurs entités du groupe. Une liquidation qui intervient aussi alors que le PDG d'Indexia et plusieurs sociétés de son empire doivent être jugés en correctionnelle à l'automne pour pratiques commerciales trompeuses.

Huis clos et liquidation

Le parquet de Paris a déposé des requêtes en liquidation judiciaire pour quatre sociétés du groupe constitué par l'homme d'affaires Sadri Fegaier. Les liquidations judiciaires ont été prononcées à l'issue de l'examen à huis clos de chacune des requêtes. Le ministère public demandait la liquidation judiciaire de la holding, Indexia Group, ainsi que des sociétés Indexia Développement, Hubside et Hubside Recycle.
Une dizaine d'autres entités du groupe sont concernées, dont la SFAM Roanne, qui employait 160 personnes "sans activité et sans salaire", selon l'avocate des représentants du personnel.

Pour Nicolas Zeimetz, délégué syndical CFDT de SFAM Roanne, qui a assisté à l'audience, ce sont 400 emplois qui sont concernés. La décision de justice va permettre aux salariés de "pouvoir bénéficier assez rapidement du versement de leur rémunération". "Ils n'ont pas perçu la moindre somme depuis début avril", a rappelé le syndicaliste ligérien. "Demain, pour certaines villes comme Roanne où le centre (SFAM) compte 160 salariés, cela risque d'être très compliqué pour trouver un emploi immédiatement", ajoute-t-il.

Selon Nicolas Zeimetz, "la procureure de Paris a mis en exergue le fait que Sadri Fegaier et son équipe avaient trompé des salariés en ne versant pas leurs salaires, en ne versant pas leurs participations, mais surtout avaient floué énormément de clients, qu'elle a dénommés victimes. Elle a parlé d'une entreprise qui avait bâti son business plan sur la base d'une escroquerie". "Malheureusement, les grandes victimes dans ce dossier, au-delà des salariés, ce sont les clients qui vont se retrouver en derrière position pour être indemnisés", déplore le délégué syndical qui évoque "plus d'un millier de clients" ayant demandé réparations.

Le délégué CFDT a en outre indiqué que les salariés avaient en outre été floués sur leur mutuelle : "On s'est rendu compte ces dernières semaines que notre employeur ne finançait pas l'organisme de mutuelle dont on dépend. Donc aujourd'hui, nous n'avons plus aucune protection en termes de santé et de prévoyance".

Liquidation de l'entreprise historique

Cette décision de liquidation pour les sociétés du groupe intervient près d'un mois après la liquidation de la SFAM (Société française d’assurance mobile), l'entité historique du groupe. La société, filiale du groupe Indexia, était implantée à Romans-sur-Isère, dans la Drôme.
Assignée en justice par l'URSSAF Rhône-Alpes, la SFAM a été placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Paris. L'URSSAF Rhône-Alpes lui réclamait près de 12 millions d'euros d'impayés. Cette liquidation judiciaire a également été prononcée à l'issue d'une audience à huis clos. Cette filiale d'Indexia Group employait 300 personnes dans la Drôme. Des salariés sur le carreau.

Patron autodidacte : du succès à la chute

Le PDG du groupe, Sadri Fegaier, n'était pas présent au tribunal de commerce de Paris ce mercredi 22 mai. Son avocat a refusé de répondre à la presse. Se présentant comme "un pur autodidacte", Sadri Fegaier a constitué depuis quinze ans une galaxie de sociétés et filiales autour de la SFAM, renommée par la suite Indexia.

C'est en 2010 que Sadri Fegaier, titulaire d'un BTS assurances, a lancé la SFAM, après avoir évolué au sein de magasins SFR franchisés. Il s'était d'abord spécialisé dans les assurances associées à l'achat de téléphones ou ordinateurs, vendues notamment dans les magasins Fnac-Darty entre 2017 et 2019.

Suivent dix ans de succès : 8 millions de clients, plus d'un milliard d'euros de volumes d'affaire annuel et 3 000 salariés revendiqués en Europe. Les magasins propres du groupe Hubside.Store, proposant des produits multimédias neufs ou reconditionnés, se multiplient. Tout comme les services proposés.

Aujourd'hui âgé de 44 ans, Sadri Fegaier était devenu l'un des plus jeunes milliardaires de France, selon Challenges. Attaché à sa ville natale, Romans-sur-Isère, meurtrie depuis la fin de son industrie de la chaussure de luxe, il avait fait bâtir un complexe de verre aux intérieurs minimalistes, devenant l'un des premiers employeurs privés de la région, fier d'employer des jeunes issus de milieux défavorisés.

Deux enquêtes : renvoi devant la justice

Mais le vent tourne en 2019 : des consommateurs qui avaient vu les prélèvements indus se multiplier avaient alerté sur les pratiques de la SFAM et d'autres filiales. Une première enquête de la répression des fraudes pour pratiques commerciales trompeuses s'était soldée cette année-là par une transaction pénale de 10 millions d'euros acceptée par la SFAM.

Une deuxième enquête est lancée dans la foulée face aux centaines de plaintes de consommateurs qui s'accumulent et l'accusent d'être "un escroc". Les consommateurs se plaignent de prélèvements indus sans signature, les montants prélevés atteignent parfois des centaines d'euros par mois. Ils rapportent aussi des demandes de résiliation qui restent lettre morte.
Cette deuxième enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a abouti au renvoi devant le tribunal correctionnel de Paris de Sadri Fegaier et de six de ses sociétés. Le procès est prévu du 23 septembre au 2 octobre. 
Parallèlement au procès pénal, des clients lésés ont assigné au civil des sociétés du groupe Indexia et certains de ses assureurs pour obtenir le remboursement de sommes indûment prélevées.

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