Plusieurs centaines de clients venus de toute la France, victimes de l'ancien courtier en assurance Indexia ont manifesté ce vendredi 19 avril devant les grilles de la société à Romans-sur-Isère, exceptionnellement fermée aujourd'hui. Ils réclament le remboursement des sommes injustement prélevées. Le préjudice total s'élève à trois millions d'euros.
"Honte à vous" "voleurs", "rendez-nous l'argent", les pancartes des clients d'Indexia se passent presque de commentaires et expriment leur colère. Ce vendredi 19 avril, ils sont venus de toute la France : Pyrénées-Orientales, Paris, et des départements voisins par des bus affrétés pour l'occasion, par trains ou même par voiture personnelle, rassemblés devant le siège de l'entreprise. Ils réclament à Indexia, ex-courtier en assurance, les sommes prélevées de façon abusive depuis des années. Le préjudice total s'élève à plus de trois millions d'euros. Cette manifestation est à l'initiative de l'association de consommateurs UFC Que Choisir, qui les soutient Ensemble, ils ont déposé plainte et mènent une action de groupe. Un procès doit avoir lieu en septembre.
"Je me sens bafoué, humilié, dépouillé comme volé"
Ces clients victimes de l'ex-courtier en assurance Indexia, (anciennement SFAM) ont contracté, il y a quelques années, des assurances, parfois même sans le savoir, lors de l’achat d’un téléphone, d’une tablette ou d’un ordinateur. Le problème vient des prélèvements qui ont augmenté au fil des mois, même lorsque certains clients avaient résilié leur contrat.
"Au départ, j'ai souscrit en 2017 tout se passait bien jusqu'en 2019, après les prélèvements ont doublé ou triplé par mois sans forcément que je m'en rende compte parce que je ne regarde pas tout le temps mes comptes. Et puis au fur et à mesure, la totalité de la somme était de trois mille neuf cents euros", explique un des clients.
Indexia via ces différentes filiales aurait pioché pendant des années dans les comptes bancaires de ses clients, impuissants.
Les clients ont tous des histoires similaires et le mode opératoire et le même,"Ça a commencé par des petits prélèvements sans mon accord de 18 à 20 euros, très insidieusement des petits montants un ou deux par mois pour terminer au mois de mars 2020, avec 44 prélèvements et des montants qui pouvaient aller jusqu'à 69euros. "Je me sens bafoué, humilié, dépouillé comme volé".
Des préjudices pour certains allant de 6 à 8 000 euros. Le mois prochain, le groupe doit être jugé pour pratiques commerciales trompeuses. Des déboires judiciaires qui fragilisent visiblement l’entreprise drômoise. Le groupe Indexia est convoqué la semaine prochaine devant le tribunal de commerce de Paris, avec la menace d’une liquidation. Avec la crainte pour les victimes de ne jamais être remboursées.
"On défend nos adhérents qui sont floués sur des sommes très importantes, certains ont été floués de plus de 20 000 euros", indique une représentante de l'association UFC-Que choisir venue de Lyon.
Une avocate représente 400 des victimes
Maître Emma Léoty, avocate parisienne, représente 400 des victimes de l'ex-courtier en assurances. Elle a fait ce vendredi le déplacement à Romans-Sur-Isère. "Mon rôle aujourd'hui, n'est pas de manifester, mais de soutenir mes clients" explique l'avocate," ils ont été prélevés pendant près de cinq ans sur des sommes indues, et avec des sommes très importantes. Des personnes se retrouvent dans des situations dramatiques".
Ce vendredi 19 avril, l'entreprise est exceptionnellement fermée. Une situation qui agace encore plus les clients venus demander des comptes à Indexia." Une personne de 80 ans qui a fait l'effort de se déplacer, il y a des gens qui ont fait plus de 600 km. Et en arrivant aujourd'hui, on découvre qu'il y a une fermeture exceptionnelle du site aujourd'hui, jour où mes clients ont déposé une déclaration en préfecture pour venir obtenir leur remboursement à l'amiable", détaille l'avocate.
"Pour moi, c'est un pied de nez qui est fait aux consommateurs français, au-delà de mes clients. C’est une situation qui est dramatique", déplore Maître Emma Léoty, "Nous avons des cas de personnes qui sont dans le dénuement, qui sont désespérées, qui souhaite obtenir leur remboursement".
"Maintenant, mettons-nous autour de la table, discutons"
L’avocate a demandé la saisie conservatoire des montants.
" J’ai réussi à saisir 45 000 euros, c'est très peu par rapport au préjudice total de mes clients", (3 millions d'euros, NDLR). L'avocat souhaite "obtenir des remboursements par la voie judiciaire, par la voie amiable. Ma présence aujourd'hui, elle est pour soutenir mes clients, mais aussi pour dire que c'est très long et qu'il n'y a pas de réponse gouvernementale, pas eu de réponses judiciaires suffisantes, j'ai engagé les actions nécessaires contre les distributeurs, contre la Fnac, contre les assureurs.
"Maintenant, mettons-nous autour de la table, discutons", lance l'avocate.
Et pour la magistrate, il y a urgence d'agir, car elle reçoit des appels "tous les jours de gens qui me disent "j'en peux plus, je ne suis pas remboursé. C’était un projet immobilier, c'était ma vie. Je suis tombé au chômage, j'ai besoin de cet argent. On ne peut pas laisser des clients qui vivent avec la boule au ventre".