Dans la Drôme, une mobilisation paysanne est organisée ce jeudi 14 novembre. Une trentaine de tracteurs et une centaine d'agriculteurs sont déployés depuis ce jeudi matin sur le rond-point de Tain l'Hermitage. Ces manifestants sont inquiets pour la compétitivité de leurs exploitations.
Les agriculteurs sont en colère. Moins d’un an après les contestations et les blocages, qui avaient duré plusieurs semaines, la FNSEA, principal syndicat agricole et les Jeunes Agriculteurs ont appelé à une nouvelle mobilisation nationale à partir du 15 novembre.
On ressort les tracteurs
Les agriculteurs ressortent les tracteurs moins d'un an après leur mobilisation historique qui s'était traduite par des blocages d'autoroutes, les syndicats agricoles appellent donc leurs troupes à se remobiliser.
Les revendications sont multiples et des actions coup de poing sont également prévues. Dans la Drôme, au rond-point de Tain l'Hermitage, des agriculteurs sont déjà présents depuis le petit matin. Ils sont une centaine, venus en force avec leurs engins agricoles et tracteurs.
Les forces de l'ordre sont présentes pour éviter tout débordement sur l'autoroute. Un important dispositif de sécurité a été déployé à l'entrée de l'A7, à l'entrée du péage avec pas moins de huit cars de CRS.
Exonération
Ces agriculteurs sont inquiets et veulent faire passer le message. Ils redoutent la baisse d'un avantage qui aurait des conséquences fatales, selon eux, sur leurs exploitations. Ces agriculteurs bénéficient d'une exonération de charges de 450 euros sur chaque contrat saisonnier. Mais cet avantage pourrait être divisé par deux. Une nouvelle qu'ils ont appris la semaine dernière et qui fait grincer des dents. La fin programmée de ce dispositif d'exonération de cotisations sociales pour les travailleurs saisonniers serait "intenable" dans un secteur où l'appel à la main-d’œuvre est une nécessité. Autour de Tain l'Hermitage, viticulture et arboriculture nécessitent beaucoup de bras.
Jean-Philippe Banc, le président des Jeunes Agriculteurs du canton de Tain l'Hermitage explique les raisons de cette action coup de poing : "On est déjà sur de la concurrence déloyale en Europe avec les salaires et les charges. Ça va de 7 euros en Espagne à plus de 11 euros chez nous. Si on enlève ce dispositif-là, c'est la fin. On ne peut plus faire des cultures spécialisées, toutes les cultures qui réclament de la main-d’œuvre", assure le représentant agricole.
Les agriculteurs, qui estiment que rien n'a vraiment bougé depuis leur mobilisation historique, entendent rester mobilisés jusqu'à la mi-décembre avec des manifestations ponctuelles et régulières.
Vers un acte 2 de la colère paysanne ?
Après les blocages du mois de janvier, la colère des agriculteurs fait son retour. Autour des manifestants ce 14 novembre, plusieurs personnalités politiques, élus nationaux et européens, sont venues entendre les revendications des exploitants. Une rencontre en plein débat parlementaire sur le prochain budget de l'Etat.
"On est en train de voter les textes budgétaires et donc dire exactement quels dispositifs ont pu être adoptés et où on en est dans le travail législatif. Je pense qu'on est au milieu du gué," explique Paul Christophle, député PS de la Drôme.
Selon Thibaut Monnier, député RN et apparentés de la Drôme, la colère du monde paysan a été entendue. "Je pense que les agriculteurs ont montré qu'ils pouvaient bloquer le pays. Je crois que le gouvernement aujourd'hui a entendu les agriculteurs. Mais quels seront les amendements retenus que l'on a déposés en faveur de la fiscalité et des exonérations fiscales."
Ces propositions seront particulièrement scrutées par les agriculteurs qui se disent lésés par les mesures de sorties de la précédente crise.
"De toutes les promesses qui ont été faites, il y a eu quelques petites concrétisations mais pas grand-chose", déplore Jean-Philippe Banc. "On est plus que déçus, plus qu’en colère. On attend des réponses dans les jours qui arrivent", ajoute le représentant drômois.
Un véritable ultimatum lancé aux pouvoirs publics qui redoutent un acte 2 de la contestation paysanne.