C’est devenu un sujet de préoccupation majeure. Les PFAS ou per- et polyfluoralkylés sont présents dans les eaux souterraines et potables de nombreuses communes en France. Certaines régies, comme celle de Valence, ont anticipé leur réglementation et investi dans des stations de filtration adaptées.
"Il faut investir massivement dans la durée. Ici, on a fait le nécessaire", lance en préambule Lionel Brard, président de la régie publique Eau de Valence Romans Agglo. L’élu, qui est également maire adjoint de la commune de Valence, a de quoi se vanter. Alors que, chaque jour, de nouvelles communes découvrent que leur eau potable est polluée aux PFAS (per- et polyfluoralkylés), dans l’agglomération drômoise, une nouvelle station de filtration adaptée à ces polluants émergents va entrer en fonction dans quelques jours.
Une problématique émergente
En réalité, la régie surveillait déjà les PFAS depuis 2021. “On ne les cherchait pas tous, parce qu’à l’époque, la problématique, c’était la fiabilité des mesures des laboratoires qui n’étaient pas assermentés, mais on savait qu’il y en avait”, explique Maxime Durand, directeur de la régie, qui alimente dix communes et 100 000 habitants.
Le producteur d’eau avait donc déjà engagé un plan d'action pour la filtration des polluants émergents avant même de découvrir, en février 2023, que l’un des puits du champ captant de Mauboule était parfois légèrement au-dessus de la norme européenne de 100 ng/L pour la somme de 20 PFAS. “C’était un captage de très bonne qualité pour tout le reste, c’était même la meilleure eau de la régie. On regardait beaucoup la pollution liée aux pesticides, mais la pollution industrielle était passée entre les mailles du filet”, regrette Lionel Brard.
L’information n’a pas été communiquée au public, “mais on était dans les clous, nous n’avons pas reçu d’interdiction de consommation de la part de l’ARS. Nous avons tout de même décidé de prendre les devants”, assure Lionel Brard. La molécule trouvée en majorité, du PFHxS, fait partie de celles qui sont considérées comme problématiques par l’Union Européenne. Mais la source de la pollution n’a pas été identifiée et le producteur d’eau a saisi les services de la DREAL.
Des investissements nécessaires
Quand la présence des PFAS a été confirmée par un prélèvement de juillet 2023 sur le même puits, qui dessert la commune de Portes-lès-Valence et le sud de Valence, “nous avons accéléré la cadence”, affirme Lionel Brard. La régie ayant la chance de posséder cinq puits sur le même captage a pu immédiatement procéder à une dilution des eaux, puis, “nous avons court-circuité totalement le puits problématique”.
La station de filtration étant déjà prévue au budget depuis 2020 (pour un montant total de 400 000 euros), la régie a simplement dû trouver un mécanisme efficace pour les PFAS. “Il n’y a pas un charbon actif qui puisse abattre la totalité des polluants, il a donc fallu chercher rapidement les plus efficaces en ce qui concerne les PFAS. Nous avons fait du benchmarking pendant des mois”. Après plusieurs essais concluants, la nouvelle station devrait fonctionner à partir du 6 novembre.
“On travaille sur la valorisation de l’eau du robinet dans un objectif environnemental vertueux, donc il faut que les utilisateurs puissent avoir confiance dans cette eau. La commande de nos élus est très claire : il ne faut courir aucun risque sanitaire”, renchérit le directeur de la régie.
Une initiative saluée par l’Agence Régionale de Santé, qui doit déployer au niveau local un nouveau plan d’action national. Il prévoit notamment, selon les cas, “la réalisation des travaux nécessaires au rétablissement de la qualité de l’eau par les collectivités avec le soutien de l’État”.