Elles entrent dans le quotidien des bénéficiaires, dans leur intimité. Les auxiliaires de vie sont indispensables pour aider certaines personnes âgées ou dépendantes à rester à domicile. Malgré un important investissement quotidien, la profession est en manque de reconnaissance. Résultat : les candidats se font rares.
"J'interviens tous les jours chez les bénéficiaires. Avant les soins, c'est une relation avant tout. On commence par prendre soin du cœur, avant de prendre soin du physique. On prend la météo du jour, la météo affective. On prend l'humeur du jour. À partir de là, on adapte les soins, l'approche. Ça passe par la toilette, l'aide aux repas, les promenades… Tout dépend des besoins du bénéficiaire" résume Béatrice avec le sourire.
Indispensables auxiliaires de vie
Béatrice Chabrol est auxiliaire de vie depuis un an et demi et s'occupe de 6 à 7 bénéficiaires par jour. Elle rythme leur journée. Elle fait partie de leur quotidien, les assiste pour les plus petits gestes. Elle doit parfois faire face aux angoisses, aux questions. Elle est indispensable pour maintenir les personnes à domicile. "On se sent vraiment essentiel, c'est indispensable. Je pense à un patient qui vit seul à Chabeuil. Il est myopathe, donc handicapé. Si on oublie d'y aller, il ne se lève pas de la journée, il ne mange pas de la journée", explique la jeune femme.
Je me mets en quatre, en fait. On se met à la place de la personne. Je les traite comme on aimerait être traité. Il y a une empathie indispensable (...) On est au coeur de l'intimité des gens.
Béatrice ChabrolAuxiliaire de vie
Le métier est difficile avec des journées à rallonge. "On se lève tôt pour être à 7h30 chez le premier bénéficiaire. Et toutes les heures, on se déplace. Le temps de trajet n'est pas pris en considération. (...) C'est un métier très physique". Le métier s'accompagne aussi d'une réelle dose de stress et d'angoisse. Sans compter "la souffrance et la tristesse de l'entourage", ajoute Béatrice.
Profession dévalorisée, vocation rare
"L'auxiliaire de vie, c'est le pilier du maintien à domicile. Sans auxiliaire de vie, il n'y a pas de maintien à domicile", résume Karine Dorier. Cette Drômoise est à la tête d'une entreprise spécialisée dans ce secteur sur l'agglomération de Valence. Selon cette professionnelle, le passage d'un infirmier chez les bénéficiaires ne suffit pas. Les tâches de l'auxiliaire de vie sont incontournables, multiples et quotidiennes : "L'auxiliaire de vie va faire la toilette, les repas, du ménage. Elle passe beaucoup de temps avec la personne et devient le confident du bénéficiaire. Elle rentre chez elle le soir avec le poids de la vie du bénéficiaire aussi", ajoute-t-elle. Une charge mentale loin d'être accessoire.
Son constat est sans appel : le secteur peine à recruter et n'attire pas les candidats. "On a du mal à trouver des personnes qui ont la vocation. On va trouver des personnes qui vont accepter de faire du ménage. Quand on va rentrer dans l'aide à la toilette, l'aide au change, l'aide à la douche, on a plus de complexité à trouver des auxiliaires de vie", confie Karine Dorier.
"Il faut être fiable et avoir une notion de l'importance humaine de notre métier", résume la gérante de l'entreprise "Ôprès de vous". La profession nécessite un grand sens des responsabilités face à un public fragile et vulnérable. Le métier demande également beaucoup d'investissement personnel. L'auxiliaire de vie tisse beaucoup de liens avec les bénéficiaires, selon Karine Dorier. "C'est ce qui la différencie des autres intervenants à domicile".
On voit toujours l'auxiliaire de vie comme une femme de ménage. Les auxiliaires de vie ont besoin d'une reconnaissance de leur métier, de ce qu'elles apportent à la personne, de leur importance dans la société.
Karine Dorier
Cette profession de services souffre d'une image dévalorisée. Béatrice en convient : "Quand je dis que je suis auxiliaire de vie, ça ne fait pas rêver. On me dit : c'est dommage, tu pourrais faire autre chose. C'est réellement dévalorisé dans la société", admet la jeune femme. La question du salaire ne règlerait pas tout. "C'est sûr que le salaire est faible (...) mais même si on payait une auxiliaire 15 euros de l'heure, je suis sûre qu'il n'y en aurait pas plus", assure Karine Dorier.
À 30 ans, Donnovan Sauthier est un contre-exemple. Il fait partie des nouvelles recrues de Karine Dorier. Son nouveau métier est une vocation, mais c'est un profil rare, voire atypique. Ancien développeur informatique, le jeune homme a quitté l'univers des nouvelles technologies pour devenir auxiliaire de vie. Une reconversion professionnelle surprenante. Une question de fibre sociale surtout pour le jeune homme.