Un loup empoisonné dans la Drôme : prison ferme requise pour un éleveur

Plusieurs éleveurs sont soupçonnés d'avoir empoisonné un loup sur la commune de Crupies, dans la Drôme, en mars 2022. Deux ans et demi après les faits, ce mardi 10 septembre, cinq prévenus comparaissaient devant le tribunal judiciaire de Valence. Plusieurs associations de défense des animaux étaient parties civiles. La décision de justice a été mise en délibéré au 24 octobre. Huit mois de prison ferme ont été requis contre le principal accusé.

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Le loup a été empoisonné et enterré à Crupies, dans le Nyonsais. L'un des cinq prévenus drômois, appelés à comparaître ce mardi 10 septembre devait répondre de cet acte de braconnage. Ce dernier était un référent du réseau local Loup/Lynx, réseau piloté par la préfecture et l'Office français de la biodiversité. Au final, quatre éleveurs et un retraité ont été jugés dans cette affaire d'empoisonnement de loup.

Un jeune fermier avait mis un pesticide interdit dans un gigot pour piéger l'animal. Huit mois de prison ferme ont été réclamés contre lui et de la prison avec sursis pour ses 4 complices présumés.

Dans la salle d'audience, les associations de défense de la cause animale et leurs soutiens étaient nombreux, mais on comptait aussi beaucoup d’éleveurs du département.

À l'encontre de l'empoisonneur présumé du prédateur, une peine de huit mois de prison a été requise. Du sursis à l'encontre des quatre autres personnes qui ont comparu. La décision de justice sera connue le 24 octobre prochain.

Colère des associations

Cet acte de braconnage sur une espèce protégée révolte de nombreuses associations de protection des animaux et de la biodiversité. Elles se sont constituées partie civile dans ce dossier. C'est notamment le cas de l’ASPAS qui avait déposé plainte au moment où l’affaire avait été révélée. L'association "One Voice", "le Klan du loup", La fondation Brigitte Bardot, la LPO, la Frapna ou encore "Ferus" sont également parties civiles dans cette affaire.

Muriel Arnal, présidente de One Voice était présente à l'audience ce mardi. "Il y a une volonté de tuer les loups en France", déplore cette dernière. "Les éleveurs et les chasseurs se sentent tout permis, ils ne veulent voir dans la nature, aucune biodiversité (...) Nous attendons que le public voie cette haine, les propos tenus (… ) On demande aux pays d'Asie ou d'Afrique de protéger leurs prédateurs et chez nous, on ne pense qu'à leur faire du mal ", conclut la responsable.

Braconnage organisé

Les faits remontent à début mars 2022. Un cadavre de loup avait été découvert à Crupies et signalé à l'Office français de la biodiversité. Mais à leur arrivée sur place, quelques jours plus tard, les agents n'avaient pas retrouvé la dépouille de l'animal. Une enquête avait été ouverte. La dépouille du loup a finalement été retrouvée et l'enquête a conduit quelques semaines plus tard à plusieurs interpellations. Placés en garde à vue, les suspects avaient avoué avoir empoisonné de la viande qu'ils avaient placée sur "leurs terres" et que le loup avait mangée. Ils ont ensuite enterré son cadavre. L'animal a été tué à l'aide d'un pesticide. L'enquête a révélé que l’un des prévenus aurait infiltré le réseau Loup/Lynx pour obtenir des informations afin de tuer des loups.

"Volonté de destruction"

"Ce sont des personnes qui ont décidé d'abattre du loup sans même être la cible d'attaques régulières ou sans même être face à un danger actuel ou imminent pour eux ou leurs troupeaux. C'est une volonté de destruction de la nature, de destruction de la biodiversité, de destruction d'animaux qui plus est, par un procédé qui fait souffrir", a martelé l'avocate de One Voice. L'animal a enduré une douloureuse et lente agonie.

On est sur une affaire d'empoisonnement d'un loup par l'utilisation de carbofuran, une molécule très toxique, interdite en France depuis une quinzaine d'années.

Me Caroline Lanty

Avocate de l'association One Voice, partie civile

Me Lanty pointe aussi l'acharnement contre le prédateur. "Cette affaire a mis à jour l'intervention de personnes qui toutes ont concouru vers un but unique : empoisonner un maximum de loups, de ne pas les tirer par arme de chasse pour ne pas laisser de traces. Elles se sont mises d'accord pour faire disparaître le corps de l'animal et continuer ces activités de braconnage".

Me Olivia Symniacos, avocate de l'association "Le Klan du loup", va plus loin et dénonce un comportement organisé : "On est vraiment dans une mafia. On a l'impression que c'est une manière de procéder locale, à la vue de tous, connue de tous et qui ne pose de problèmes à personne. Mais c'est une violation de la loi".

Quelles sanctions ?

Présentés au parquet de Valence en juin 2022, les suspects ont été placés sous contrôle judiciaire en attendant leur procès. Les prévenus, qui devaient initialement comparaître en décembre 2023 pour "destruction et transport illicites d’espèces protégées" et "usage inapproprié de produits phytopharmaceutiques", sont finalement jugés ce mardi 10 septembre 2024.

"L'association One Voice attend l'application de la loi et uniquement de la loi. Il faut que la justice passe", indique Me Caroline Lanty. Les associations de protection de la nature et de la faune sauvage attendent des sanctions exemplaires. Les prévenus encourent jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende pour destruction d’espèce protégée. "On attend une peine de publication dans les journaux, ça fait partie de la pédagogie", ajoute Me Symniacos.

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