Le premier tour des élections départementales et régionales s’est tenu ce dimanche 20 juin. Abstention, résultats, second tour : voici 3 choses à retenir du premier tour en Auvergne.
Les résultats du premier tour des élections départementales et régionales ont été dévoilés en Auvergne. Abstention, progression de la droite, second tour : voici les 3 points à retenir de cette journée d’élections.
Une mobilisation en forte baisse par rapport à 2015
La principale surprise de ce premier tour est le taux de participation, exceptionnellement bas. A l’échelle nationale, 66,5% des Français ne se sont pas rendus aux urnes pour ce premier tour. En Auvergne-Rhône-Alpes, l’abstention s’élève à 65,1%. « C’est un taux d’abstention historique, c’est un record ! », souligne Mathias Bernard, politologue. Il précise que « Les départements ruraux comme le Cantal ont mieux voté que les départements urbains, le Puy-de-Dôme par exemple. » Dans le Cantal, l'abstention est de 58,12 % pour ce premier tour, contre 63,43 % dans l'Allier. Le Puy-de-Dôme enregistre une abstention de 63,89 % et la Haute-Loire de 59,82 %.
Pour le président d’université, le taux d’abstention est très élevé, mais correspond à une évolution « sur le temps long, depuis les années 1980 ». Lors des élections départementales de 2015, l'abstention était de 48,93% en France.
Pour expliquer le faible taux de participation, Mathias Bernard évoque une crise de la représentativité : « Il y a un problème d’offre politique. Les électeurs ne se reconnaissent pas dans les élus, les candidats et les partis. » En plus de ne pas se sentir représentés, les électeurs auraient perdu foi en l’utilité du vote : « Ils ont le sentiment que le vote ne sert pas à grand-chose. Lors des élections présidentielles, les électeurs ont l’impression que cela a une incidence sur le cours des choses. Ils voient moins d’impact au niveau régional. Cette perte de croyance dans l’efficacité politique est, selon moi, très inquiétante. »
La règle des 25 % d’électeurs inscrits, désuète ?
Pour être élu dès le premier tour, un binôme doit récolter 50 % des suffrages, mais aussi représenter 25 % des électeurs inscrits. Le fort taux d’abstention peut alors modifier les règles du jeu : « C’est une situation inédite. Avec plus de 60 % d’abstention, il est possible de ne pas franchir les 25 % d’électeurs inscrits, même quand on obtient la majorité absolue. Une vingtaine de seconds tours n’auraient pas eu lieu sans ce taux d’abstention dans la région. » C’est par exemple le cas de Claude Riboulet, actuel président du conseil départemental de l’Allier, qui recueille 63,68 % des voix, mais seulement 24,82 % des inscrits. « Il ne faut pas s’attendre à une grosse surprise, il a fait un bon score au premier tour », prévient le politologue.
Dans l'Allier, retrouvez les résultats canton par canton :
Pour Mathias Bernard, les modalités du vote ne sont peut-être plus très adaptées aux modalités actuelles : « Cela interroge sur un changement des règles électorales. La règle des 25 % a été instaurée à une époque où le taux de participation atteignait les 70 %. » D’autant que, selon lui, « La semaine prochaine, au second tour, les listes qui ont obtenu de bons scores seront élues de toute façon, leurs électeurs seront les mêmes. »
La droite se réaffirme
Outre le score de Laurent Wauquiez aux élections régionales (42,7 %), la droite a surpris dans les départementales par des taux plus hauts qu’annoncés dans les sondages. « Les Républicains récupèrent des voix chez le Rassemblement national mais également chez LREM. Alors que la tendance était inverse depuis 2017, détaille Mathias Bernard. L’électorat de la droite s’est peut-être moins abstenu que chez le Rassemblement national ou La République En Marche, qui ont un électorat plus jeune. » En Haute-Loire comme dans le Cantal, la droite a été renforcée lors de ce premier tour.
Dans le Cantal, la droite a dominé le premier tour :
En Haute-Loire, peu de surprise également.
Dans l’Allier, certains ballotages sembleraient favorables à la droite également, comme à Commentry ou dans le canton de Montluçon 3.
Ce premier tour pourrait aussi signifier un nouvel équilibre dans les partis de droite : « C’est peut-être aussi le début d’un mouvement de fond », prophétise Mathias Bernard.
Dans le Puy-de-Dôme, en revanche, la gauche s'est plutôt maintenue par rapport au reste de l'Auvergne.
Le politologue Mathias Bernard assure que le second tour des élections départementales promet encore quelques surprises, le 27 juin prochain.