Les salariés d'Ecopla, -fabricant de barquettes en aluminium-, ne lâchent pas le morceau. Leur dossier de reprise a été retoqué par le tribunal de commerce mais ils souhaitent à présent faire appel, mettant en avant la sauvegarde de l'activité à Saint-Vincent-de-Mercuze et de l'emploi.
"Le tribunal dit non, pas nous!", le slogan s'affiche désormais à côté du logo d'Ecopla à Saint-Vincent. Il montre l'obstination des salariés qui se voyaient repreneurs. Le 17 juin, le tribunal de commerce de Grenoble a rejeté leur offre de reprise sous forme de Scop. Les ouvriers avaient pourtant réussi à potentiellement rassembler 2,3 millions d'euros pour leur projet qui prévoyait la sauvegarde immédiate de 20 emplois, avec la perspective de passer à 50 emplois en 3 ans.
Ne pouvant se résoudre à voir ainsi "disparaître leur expertise et leurs emplois", selon leurs termes, ces salariés font donc appel. Ils ont introduit une "tierce opposition" au jugement du tribunal de commerce. Avant cela, ils ont espéré une prise de position du procureur de la République. Mais ce dernier n'a pas bougé. Et pour cause, revenir sur le dossier paraissait assez compliqué puisque le tribunal ne s'est penché que sur la vente des actifs (machines).
En pareil cas, la priorité est de privilégier l'argent sonnant et trébuchant pour rembourser les créanciers, notamment l'AGS qui a payé les salaires. Les 1,5 million d'euros promis par le repreneur italien permettaient juste de couvrir les fonds engagés. La Scop ne proposait, elle, que 100.000 euros pour les machines. D'où le choix du tribunal en faveur de Cuki Cofresco qui, pour l'instant, n'a réglé que 10% de la somme et qui, de son côté, vit au rythme d'un Plan de Sauvegarde depuis 5 ans.
Reportage Anne Hédiard et Gilles Ragris
Un outil de travail sous surveillance
En attendant, ils surveillent leur outil de travail 24 heures sur 24. "S'il part en Italie, c'est fini", déclare Christophe Chevalier, ancien délégué syndical CGT d'Ecopla France. Les salariés ont lancé un appel aux habitants pour qu'ils viennent les aider à maintenir cette surveillance.
Revenant sur le parcours judiciaire du dossier Ecopla, l'avocat Pierre Janot parle d'une "décision inique". "Elle n'est pas comprise par les élus, les pouvoirs publics et bien sûr les salariés car elle préserve uniquement l'intérêt des créanciers face à un vrai projet industriel (...) L'Etat ne peut pas être schizophrène en disant d'un côté qu'il donne priorité à l'emploi et de l'autre qu'il privilégie le remboursement des dettes", explique le défenseur.L'Etat ne peut pas être schizophrène"
Interview sur France 3 Alpes - 30/06/2016