A l'entraînement sur le glacier de Tignes à 3.100 m d'altitude, la skieuse internationale française Anne-Sophie Barthet a poussé un cri du coeur ce jeudi 25 octobre en postant un poème sur les réseaux sociaux accompagné d'une photo où la neige est quasiment absente.
A l'entraînement sur le glacier de Tignes à 3.100 m d'altitude, la skieuse internationale française Anne-Sophie Barthet a poussé jeudi un cri du coeur en postant sur Twitter un poème accompagné d'une photo où la neige est quasiment absente.
"Un glacier, est-ce que c'était blanc? Et le ski sur la neige, c'était comment ? ", écrit-elle notamment en se projetant dans le futur.
"Un glacier, c'était blanc?
— Anne-sophie Barthet - OLY (@annesobarthet) 25 octobre 2018
Et le ski sur la neige, c'était comment?
Et un sapin, c'était grand?"
Qu est ce qu on répondra,
À nos enfants qui, en voyant nos photos,
De ce qu'ils auraient pu admirer,
s'il étaient nés un peu plus tôt, dirons:
"Comme ça devait être beau ! "
pic.twitter.com/XsRBgFdF4k
"On n'a pas l'impression que [le ski] est un sport d'avenir. On a l'impression de voir les vestiges de ce qu'était un glacier avant. On est les premiers à assister en « direct live » aux conséquences du réchauffement climatique et on se sent impuissants", commente-t-elle.
"Sur l'échelle de ma carrière, entre le moment où j'ai commencé à m'entraîner ici à 12 ans et aujourd'hui à 30 ans, le glacier est méconnaissable", constate-t-elle, précisant qu'elle ne se veut pas "alarmiste" mais soulève "un problème de fond".
Quel avenir pour les compétitions de ski ?
Témoin direct du réchauffement climatique avec la fonte des glaciers et une neige en moyenne moins abondante, le monde du ski essaie de garantir la tenue des compétitions pour perdurer.
Skier en haute altitude sur les glaciers constitue déjà une réponse au manque d'enneigement, pour permettre aux champions de s'entraîner avant l'hiver et de commencer les compétitions dès octobre.
La première course de Coupe du monde est ainsi programmée ce samedi à Sölden (Autriche) sur le glacier du Rettenbach (3.000 m). Mais entre les alpages verdoyants baignés de soleil et les pics rocheux privés de leur manteau neigeux, la vallée de l'Ötztal paraissait vendredi plus propice aux randonnées qu'à la glisse.
Des températures bien plus élevées que la moyenne depuis le début du mois ont obligé les organisateurs à préparer la piste avec de la neige stockée depuis l'hiver dernier.
Le stockage est l'une des deux réponses au manque d'enneigement avec les canons à neige artificielle selon Vincent Jay, directeur du Club des sports de Val d'Isère, organisateur de deux manches de la Coupe du monde (8-9 puis 14-16 décembre), où l'on utilise si besoin la neige artificielle.
S'il n'y a pour lui "pas d'inquiétude à long terme" après un dernier hiver très enneigé, "on se prépare en investissant dans la technologie". Les pistes sont notamment équipées de capteurs GPS qui indiquent avec précision aux dameuses la hauteur de neige et donc le travail à faire sur chaque secteur, permettant "de produire moins de neige, d'économiser des heures de dameuses etc".
"On a des canons qui sont de plus en plus performants, plus économes en énergie, en eau. Ils produisent plus de neige, c'est un impact qui est moindre. Il y a eu des énormes progrès, je dirais depuis une quinzaine d'années", estime l'ex-champion olympique de biathlon (2010).
Le directeur des courses féminines de la Fédération internationale de ski (FIS) Atle Skaardal, se félicite aussi des progrès du stockage de neige et des canons, qui restent cependant "des technologies énergivores adaptées à des petits volumes de neige".
« Le réchauffement climatique n'est pas encore un sujet majeur dans nos réflexions sur le calendrier (des épreuves de Coupe du monde, NDLR), indique le Norvégien. Mais c'est un sujet qui va devenir de plus en plus important parce que nous observons bien la tendance d'un hiver de plus en plus tardif dans certains endroits du monde".
En réponse M. Skaardal estime par exemple que la Scandinavie serait capable d'accueillir des courses jusqu'à mi ou fin-mars.
"Les sports de neige seront peut-être différents dans 50 ou dans 100 ans. Je pense que tellement de personnes aiment le ski que des solutions vont être trouvées. Je ne sais pas exactement lesquelles mais je ne peux pas imaginer le ski complètement disparaître."
Et l'option ski en salle, critiquée pour son empreinte carbone ? Le président de la FIS Gian Franco Kasper a donné vendredi à la presse un avis tranché : "Pour moi, si l'on organise des compétitions indoor, c'est la fin de mon sport".