Le fossile entier d'un Hétérodontosaurus découvert en Afrique du Sud a été scanné pendant cinq jours à l'ESRF de Grenoble, l'un des établissements les plus en pointe dans le domaine de la paléontologie.
Il s'appelle l’Heterodontosaurus et a été la vedette du synchrotron de Grenoble pendant cinq jours. L'European synchrotron radiation facility (ESRF) et son équipe de paléontologie sont reconnus mondialement, mais ils n'avaient jusque-là que des dents, des crânes ou quelques ossements épars à étudier.
C'est donc avec un certain enthousiasme et une intérêt certain que l'équipe iséroise a accueilli pendant cinq jours, du 21 au 26 juillet, des scientifiques de l'université de Witwatersrand, à Johannesburg, la plus grande ville d'Afrique du Sud.
Le fossile découvert en Afrique du Sud est ainsi resté 24 heures sur 24 pendant cinq jours sous le scanner du synchrotron afin d'en savoir plus sur la manière dont il mangeait, respirait et se déplaçait.
Reportage d'Isabelle Calbrant, Joëlle Ceroni et Azédine Kebabti
Pourquoi l'amener à Grenoble ?
De premières analyses ont été menées après la découverte en 2005 du fossile par le paléontologue sud-africain Billy de Klerk, mais ce fut un échec."Ils ont essayé de le scanner avec une machine conventionnelle à l'université du Witwatersrand, à Johannesburg, et les os étaient complètement invisibles, poursuit le Dr. Fernandez. c'est un cas classique en paléontologie parce que la densité des os fossiles est très proche de celle du sédiment, et pour pouvoir surmonter ce problème, le synchrotron est idéal." Car l'ESRF grenoblois dispose d'une technologie de pointe, qui permet, pour faire simple, de passer outre les différentes couches de sédiments pour analyser l'os, le vrai, qui se cache en-dessous.
Il est très rare de pouvoir étudier un fossile complet, bien que l'équipe l'ait déjà fait avec les ossements d'un archéoptéryx, un petit dinosaure-oiseau. "C'est une chance qu'on a à l'ESRF. Les meilleurs fossiles viennent à nous et on n'a même pas besoin d'aller dans les musées."
Et les résultats sont au rendez-vous ! Jonah Choiniere, cité dans le communiqué de l'ESRF, explique que "sur les premiers scans on peut voir les ouvertures dans le crâne pour les organes de l’équilibre, ce qui nous apprend comment il tenait sa tête, comme il bougeait. C’est le genre de données que vous ne pouvez pas obtenir avec une vue 2D du crâne. C’est vraiment enthousiasmant."
Le travail n'est pourtant pas terminé: passé le scan, il faudra plusieurs semaines, voire plusieurs mois avant que toutes les données ne soient reconstituées.