Française retrouvée morte dans une église en Italie : arme du crime, "féminicide", extradition… Quatre questions au cœur de l'enquête

La conférence de presse du procureur général d'Aoste qui s'est tenue jeudi 11 avril a permis de mettre en lumière de nouveaux éléments sur le meurtre de la jeune Française retrouvée sans vie dans une église abandonnée en Italie. Un "féminicide" selon le chef du parquet italien qui a retenu la préméditation dans cette affaire.

Le corps d'une Française de 22 ans a été découvert le 5 avril dans une église en ruines du Val d'Aoste, en Italie. La victime, originaire de Saint-Priest (Rhône), présentait plusieurs blessures à l'arme blanche, notamment au cou et au ventre. Une enquête a été ouverte par la justice italienne pour "meurtre avec préméditation".

Son compagnon, un homme de 21 ans, principal suspect, a été arrêté à Lyon ce mercredi et écroué dans l'attente de son extradition. Le parquet d'Aoste a dévoilé les premiers éléments de l'enquête lors d'une conférence de presse, jeudi 11 avril. Voici ce que l'on sait de l'affaire.

Quelles sont les circonstances du meurtre ?

Les propos liminaires du procureur général d’Aoste n'ont guère laissé place au doute. "Pour éviter toute confusion, je vais tout de suite déblayer le terrain sur le mobile du crime. Dans ce cas d'espèce, je n'utiliserai pas de termes tels qu'enlèvement, jalousie ou passion amoureuse. Il s'agit d'un pur féminicide, déterminé par le désir de posséder et d'anéantir la volonté de la victime", a déclaré Luca Ceccanti.

Côté italien, l'enquête est toujours en cours, mais plusieurs éléments ont permis de faire figurer sur le mandat d'arrêt européen à l'encontre de Teima Sohaib, le jeune homme de 21 ans arrêté mercredi à Lyon, la mention de "meurtre avec préméditation".

Tout d'abord, la date du décès de la jeune femme. D'après le médecin légiste, elle serait intervenue le 26 ou le 27 mars, "vraisemblablement", d'après les enquêteurs, dans ou autour d'une chapelle en ruines sur la commune de la Salle (Vallée d'Aoste). Car le corps a été déplacé.

"L'assassin a modifié le positionnement du corps de la victime en la plaçant en position fœtale. Il lui a mis une pierre contre le dos pour éviter qu'elle ne roule sur le côté", a expliqué le colonel Tommaso Gioffeda, commandant des carabiniers de la vallée d'Aoste qui a mené l'enquête. "Sa volonté était que les personnes qui la trouveraient pensent qu'elle était en train de dormir."

"Certainement pour avoir le temps de s'éloigner de la scène de crime et retarder l'appel des secours et des enquêteurs", a estimé pour sa part le colonel Giovanni Cuccurullo, commandant le groupement de carabiniers qui a mené l'enquête, au micro des journalistes présents.

Comment le couple est-il arrivé en Italie ?

Malgré "l'interdiction d'approcher la jeune fille" prononcée à l'encontre du jeune Italien d'origine égyptienne, c'est en couple que, le 25 mars dernier, tous deux ont passé la frontière du tunnel du Mont-Blanc. "Dans le bus d'une compagnie de transport low-cost", ont précisé les enquêteurs.

Ils ont même été contrôlés par la police des frontières italienne et identifiés. Ce qui ne les a pas empêchés de poursuivre leur route, la base de données des policiers n'ayant, semble-t-il, pas indiqué l'interdiction prononcée à l'encontre du jeune homme par la justice française.

Une dizaine de kilomètres après la frontière, le couple arrivait donc à La Salle pour chercher un endroit où camper. Pour les deux adeptes d'"urbex", l'exploration de lieux abandonnés, la chapelle de La Salle semblait tout indiquée. C'est là que le corps de la jeune Française a été découvert.

Quelles sont les causes de la mort ?

L'agression aurait eu lieu au moyen d'une arme "de pointe et de coupe", selon les enquêteurs. Un couteau ? Apporté de France ? Acheté ou trouvé sur place ? Pour l'instant, l'arme reste introuvable.

Quant aux causes de la mort, d'après l'autopsie, la jeune femme serait décédée à la suite de coups ayant occasionné des blessures à l'abdomen et surtout au cou. Ces dernières ayant provoqué une importante hémorragie qui se serait avérée fatale. Un emploi du conditionnel de mise dans l'attente des conclusions définitives des expertises. 

Pour expliquer le peu de précision concernant le moment exact du décès, le procureur a déclaré qu'il était dû aux basses températures de la fin mars qui ont mieux conservé le corps dans la durée, compliquant d'autant le travail du médecin légiste.

Un procès en France ou en Italie ?

Pour Teima Sohaib, le jeune homme dont la famille vit à Fermo (région des Marches), le premier rendez-vous avec les juges devrait être en France. Le jeune comparaîtra jeudi 18 avril devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Grenoble. Elle devra se prononcer sur la demande d'extradition vers l'Italie, opérée par les autorités du pays où s'est déroulé le crime.

Il devrait comparaître ensuite le 3 mai prochain devant le tribunal correctionnel de Grenoble pour "violation de son contrôle judiciaire". Il pourrait ensuite être extradé vers l'Italie. "Mais sans aucune certitude pour l'instant quant aux délais", a expliqué le procureur du tribunal d'Aoste. "Les procédures dépendent des autorités françaises".

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