Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon, est nommé ministre d 'Etat, ministre de l'Intérieur. Il lui aura fallu attendre 70 ans pour figurer dans un gouvernement. Homme de confiance d'Emmanuel Macron, il a permis l'émergence du candidat d' "En marche"
C'est pour Gérard Collomb la consécration ultime. En quelque sorte, son bâton de maréchal. Le voilà à 70 ans ministre de l’Intérieur. Un ministère régalien vient couronner le parcours sans faute d'un élu de province socialiste pourtant souvent incompris du pouvoir.
Un pilier du PS
Gérard Collomb naît le 20 juin 1947 à Chalon-sur- Saône. Origine modeste. Il est le fils d'un ouvrier métallurgiste, adhérent de la CGT et d'une femme de ménage. Etudes à Lyon au Lycée du Parc, puis à la faculté de lettres. Il devient professeur agrégé de lettres classiques. Il enseignera dans plusieurs établissements dans le 9e arrondissement de Lyon et à Tarare.
Il contribue à la refondation du Parti Socialiste dans le Rhône et fait son entrée au conseil municipal de Lyon en 1977. Il est élu en juin 1981 député de la 2e circonscription du Rhône, profitant de la vague rose qui suit l'élection présidentielle de François Mitterrand. Il sera réélu à l'assemblée nationale en mars 1986 mais battu en 1988.
Il est élu conseiller régional en 1992, un poste qu'il occupera jusqu'en 1999. Entre temps, il est devenu maire du 9e arrondissement de Lyon en 1995. Il intégré l'exécutif de Raymond Barre dont il revendiquera plus tard l'héritage. En 1999, il devient sénateur du Rhône après la démission du titulaire du poste Franck Sérusclat.
Deux ans plus tard, il remporte les élections municipales contre Charles Millon et Jean-Michel Dubernard. Il devient maire de Lyon en 2001. Il sera réélu en 2008 cette fois contre Dominique Perben, puis en 2014 contre Michel Havard.
En 2014, il est réélu président du grand Lyon avant de devenir président de la nouvelle Métropole grâce au soutien du centriste Michel Mercier, alors président du conseil général du Rhône.
Une certaine frustration
D'abord issu du courant Mauroy, Gérard Collomb s'inscrira un moment dans la contestation de la ligne Mitterrandienne. Puis soutien de Dominique Strauss Kahn en 2011, il finira par rejoindre finalement François Hollande en 2012 et fera campagne avec lui comme responsable des relations avec les entreprises et les grandes villes. Mais élu président de la République, François Hollande ne fera jamais appel à lui au gouvernement, provoquant chez lui une certaine frustration.
Il prendra d'ailleurs ses distances avec le PS, défendant aux législatives de 2012 la candidature de Thierry Braillard, prenant le contr-pied des instances du parti qui lui avaient préféré l'écologiste Philippe Mérieux. Il restera membre du parti malgré les menaces d'exclusion.
Il sera aussi le premier à discerner, dans l'entourage de François Hollande, le potentiel et l'intelligence tactique d'Emmanuel Macron. Il partage avec lui l'espoir d'une refondation du paysage politique du pays et va s'engager personnellement à ses côtés alors que le PS choisit de s'engager dans la bataille des primaires entre caciques du parti. Il active tous ses réseaux pour contribuer au lancement de sa campagne et l'accompagne dans sa conquête du pouvoir. Le voilà aujourd'hui, à 70 ans, enfin récompensé par un poste de confiance au plus haut niveau de l'Etat.