Grand stade : un pari financier ambitieux et risqué

J-M.Aulas a réussi son premier pari :mener à bien la construction d'un nouveau stade sur fonds privés. Reste à prouver que les 450 millions d'euros engloutis dans l'affaire constituent un bon investissement pour l'Olympique Lyonnais.Le groupe veut générer 70 à 100 millions de revenus/an.    
 

"Avec cette nouvelle infrastructure, nous avons l'ambition de générer de 70 à 100 millions d'euros de revenus supplémentaires par an dans un horizon de trois à cinq ans", explique à l'AFP Harry Moyal, vice-président marketing et stratégie d'OL Groupe, la société cotée qui coiffe le club de football.Des recettes nouvelles vitales pour une entreprise chroniquement déficitaire, qui a enchaîné six exercices consécutifs "dans le rouge"... en partie à cause de
son chantier phare.

Mais si OL Groupe a souffert de la construction du nouveau stade, c'est pour en recueillir, seul, les fruits. Les autres stades récemment construits en France,à Bordeaux ou Nice, l'ont été dans le cadre d'un partenariat public-privé (PPP),où les recettes supplémentaires sont captées par le constructeur.
Un pari des plus audacieux: "vous en connaissez beaucoup des industriels qui investissentplus de quatre années de chiffre d'affaires dans un projet?", relève M. Moyal.

Mais un pari tenu au final, sans retard une fois la première pierre posée, ni dépassementde budget.Qui ne sera définitivement gagné, cependant, que si le groupe parvient désormais à réduire sa dette et à accroître ses recettes d'exploitation. "Il faut que les deux aillent de pair pour que le pari boursier soit gagné", reconnaît M. Moyal.

Devant le scepticisme des banques, les actionnaires - et notamment les historiques Jean-Michel Aulas et Jérôme Seydoux - ont en effet été beaucoup sollicités: à hauteur de 180 millions d'euros. Pour l'heure, la Bourse ne leur en sait pas gré puisque OL Groupe y est valorisé à un peu plus de 90 millions d'euros - la moitié de leur apport.

Pour le reste, l'entreprise a emprunté. Une dette qu'elle renégocie actuellement pour profiter du bas niveau des taux d'intérêt. Et aussi du fait qu'avec l'achèvement du chantier, le risque qui justifiait des intérêts élevés a disparu, souligne M.Moyal.

- Changement de dimension -

Jean-Michel Aulas le répète à l'envi, être propriétaire de son stade va faire changer l'OL de dimension. Tous les clubs du "Top 20" qui dominent le foot européenle sont... à l'exception du PSG."C'est bien pour cela que le club s'est lancé dans l'aventure. Quand on a commencé à y réfléchir, au début des années 2000, on était champion de France, on jouaittous les matches à guichets fermés et nous étions contraints par la capacité de Gerland" (37.000 places), explique M. Moyal.

La nouvelle enceinte de 59.000 sièges va surtout permettre à l'OL d'accroîtrele nombre de loges et salons VIP - à forte contribution financière: de 1.600 placesà Gerland à près de 6.000 à Décines, presque quatre fois plus. L'offre de siègesgrand public va aussi être augmentée de 50%, gage d'une augmentation de la billetterie...si les performances sportives suivent.

Le groupe compte par ailleurs accroître ses recettes de sponsoring, notamment via un accord de "naming" de l'enceinte qui devrait lui rapporter quelque 8 millions d'euros par an. Apposer un nom de marque à un stade neuf est beaucoup plus simpleque pour une installation existante. "Imaginez ce qui se passerait si quelqu'uns'aventurait à vouloir rebaptiser le Stade Vélodrome de Marseille", s'amuse M.Moyal.

Propriétaire des 45 hectares abritant le Parc Olympique Lyonnais (POL), le groupe peut enfin y envisager de juteuses opérations immobilières.

Le stade de Gerland futur rival ?

 
Pour être rentable, le nouveau stade devra accueillir au moins 30 évènements paran, dont les 19 rencontres de Ligue 1. Et donc un certain nombre hors foot, notamment des concerts.Mais l'OL arrivera-t-il à tenir son objectif si la municipalité de Lyon devait confier l'exploitation de son ex-fief de Gerland à Olivier Ginon, propriétaire du LOU Rugby ?

Ce dernier, par ailleurs actionnaire et administrateur de OL Groupe, serait un redoutable concurrent dans la mesure où il contrôle la société GL Events, spécialiste de l'organisation de grands évènements... du type de ceux que M. Aulas aimeraitaccueillir à Décines.

"On est bien placé pour savoir que, si ça devait se faire, ça prendra du temps.Et si concurrence il y a, ce ne sera jamais frontal. Même après travaux, Gerlandsera toujours un ton au-dessous. Or les gens aiment les endroits iconiques", assure M. Moyal, pour qui l'équilibre économique du projet ne se jouera pas là-dessus.





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