À Grenoble, le bidonville Esmonin n'est plus

Les pelleteuses et les bulldozers sont rentrés en action ce mercredi 29 juillet pour démanteler totalement les baraquements qui abritaient les quelques 300 personnes du Bidonville de l'avenue Esmonin à Grenoble.

Un bidonville abritant quelque 300 personnes, dont de nombreux enfants, a été évacué tôt mercredi matin à Grenoble par un important dispositif de police, à la demande de la municipalité EELV-Parti de Gauche.

Les habitants du camp, qui faisaient l'objet d'un arrêté d'évacuation pris par le maire de Grenoble lundi 27 juillet, n'étaient plus que 150 environ à l'arrivée des forces de l'ordre mercredi matin.
Ils ont été placés dans des cars et acheminés dans différents endroits de la ville en vue de leur relogement. Une cinquantaine de personnes devaient être prises en charge par la mairie et environ 90 par l'État. Cinq personnes, faisant l'objet d'une obligation de quitter le territoire français, ont été emmenées au centre de rétention administrative de Lyon.
En milieu de matinée, des pelleteuses ont commencé à détruire les habitations de fortune.

Installé dans un quartier périphérique de Grenoble, près d'un centre commercial, le "bidonville Esmonin", qui a compté jusqu'à 400 habitants, dont 200 mineurs, suscitait de fortes tensions avec le voisinage depuis plusieurs mois. Le démantèlement de ce camp avait été annoncé à la mi-mai par le maire écologiste de Grenoble Éric Piolle qui avait dit vouloir garantir "la sécurité des populations", des "réseaux mafieux" s'y étant développés.
"On ne peut pas se résoudre à laisser le monde dans cet état, à voir revenir les bidonvilles comme dans les années 60", a déclaré mercredi matin sur France Inter M. Piolle, interrogé sur cette évacuation.
"Personne ne dormira dehors ce soir, ni dans les jours qui viennent", a-t-il souligné en dénonçant des "conditions inhumaines" dans ce bidonville. Quelques familles roms ont déjà été relogées ces derniers mois dans d'anciens logements d'instituteurs "vides et non louables dans les écoles", a-t-il ajouté.

Ce dispositif est forcément traumatisant"

Quelque 150 policiers et gendarmes mobiles avaient été déployés devant le camp mercredi matin. "Cela s'est déroulé dans le calme. Nous avons montré la force pour éviter d'avoir à s'en servir", a souligné le préfet de l'Isère Jean-Paul Bonnetain.
"Il n'y a pas eu de violence physique, il n'y a pas eu de destruction des biens et des personnes mais malgré tout il y a une violence symbolique: ce dispositif très impressionnant est forcément traumatisant", a critiqué Jo Briant, militant de la CISEM (Coordination iséroise de solidarité avec les étrangers migrants) et colistier d'Éric Piolle lors des dernières élections municipales.

Une partie importante des habitants du bidonville passeront trois ou quatre nuits à l'hôtel avant de se retrouver à nouveau "à la rue", a-t-il dénoncé. "Certes ce camp n'était pas idéal mais ils avaient au moins un toit", a ajouté le militant en qualifiant cette évacuation d'"illégale".
Avant son élection, Éric Piolle a été cofondateur d'un collectif d'aide aux familles sans papiers à Grenoble. A l'issue de l'évacuation du bidonville, "il voulait que tout le monde soit relogé mais il s'est heurté" à l'opposition des autres collectivités locales, selon Jo Briant.

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