Ils sont considérés comme des "petits" même s'ils évoluent dans l'élite du rugby. Grenoble, Perpignan ou encore Agen déploient de véritables stratégies de survie pour se maintenir en Top 14.
Equipes bis envoyées pour des matches à l'extérieur perdus d'avance, prise de risques maximale pour l'emporter à domicile : Agen, Grenoble, Perpignan, à la lutte pour le maintien en Top 14, ont des marges de manoeuvre limitées pour survivre dans l'élite.
Le championnat à domicile, pari gagnant pour Agen
"Ce n'est pas notre championnat, qui est celui des matches à la maison." Mauricio Reggiardo ne s'est pas caché après la déroute au Racing 92 (59-7): le manager d'Agen s'était volontairement privé de ses meilleurs éléments pour un déplacement chez un cador contre lequel il avait de toute façon peu de chances de l'emporter.
La victoire le samedi suivant contre Bordeaux-Bègles (22-17), la deuxième à domicile, lui a donné raison. "Si on gagne tous nos matches à domicile, on est sûr de se maintenir en Top 14", assume Reggiardo. Car c'est comme cela que les Agenais ont terminé 11e au printemps: 8 succès sur 13 à Armandie.
"On n'est pas condamné à jouer un match sur deux", assure cependant le deuxième ligne Denis Marchois. "Peut-être qu'on se débridera un peu en fin de saison ou qu'on aura besoin d'aller gagner à l'extérieur." Ce que le SUA avait su faire au Stade Français et à Pau la saison passée.
Faire le plein de points au Stade des Alpes, c'est aussi ce que vise Grenoble. "Nous n'avons aucune stratégie pure de calendrier depuis le début de saison, même si nous savons qu'il nous faut gagner au moins dix matches à domicile pour nous rapprocher du maintien", affirme l'entraîneur des avants Dewald Senekal. Le FCG a pourtant opéré une dizaine de changements pour le déplacement chez le champion de France Castres (défaite 29-13), avec une charnière totalement novice en Top 14. "Le staff n'a jamais décidé de faire l'impasse sur ce match", proteste Senekal. "Nous n'avons fait que de la gestion physique et humaine".
Grenoble, Perpignan: rotations avec modération
Pour Stéphane Glas, l'entraîneur des arrières de Grenoble, cibler certaines rencontres avec ses meilleurs joueurs présente des limites. "Ce genre de stratégies fonctionne surtout pour des équipes qui ont un XV de titulaires qui se détache très nettement. De notre côté, on possède un groupe assez homogène et, à chaque match, on fait en sorte de construire la meilleure équipe possible en fonction de la forme du moment", explique le coach isérois.
Même son de cloche à Perpignan, où l'entraîneur Patrick Arlettaz veut "faire tourner de manière assez intelligente les 31 ou 32 joueurs que l'on a et qui sont d'un niveau assez homogène. L'équipe que l'on a alignée à La Rochelle (défaite 37-10), on le pense, est au moins aussi compétitive que celle que l'on avait alignée face à Lyon à Aimé-Giral, la semaine précédente (défaite 16-22)".
Tête haute devant son public
Contre le Lou, l'Usap a pourtant passé la fin de match dans le camp adverse et obtenu deux pénalités. Mais les Catalans ont refusé de prendre les trois points du bonus défensif, préférant tenter, en vain, d'arracher le succès via un essai.
Dilemme similaire pour Grenoble contre Toulouse (défaite 20-23), quand le FCG a laissé échapper les deux points du match nul. A la différence que l'encadrement avait demandé les trois points à l'ouvreur Franck Pourteau, qui a pris la décision d'aller en touche. "C'est un péché de gourmandise, c'est une erreur, il y a un mauvais choix", s'est-il désolé.
Le public des deux promus, dont le soutien est indispensable pour garder le moral au long d'une saison qui s'annonce pénible, préfère sans doute perdre avec panache, en particulier celui d'Aimé-Giral, réputé pour sa ferveur. "On aurait pris ce point de bonus défensif, on serait dans la même déception, la même frustration. En revanche, si on gagne le match, on fait basculer, lancer notre saison", a commenté, sans regrets, le directeur sportif de l'Usap Christian Lanta.