Catherine Mimeret de l'APF France Handicap Isère livre un constat sans concessions sur l'accessibilité à Grenoble alors que se tient à Paris la Conférence nationale sur le handicap. Emmanuel Macron a appelé, ce mardi, tous les Français "à se mobiliser".
Il y a quelques jours l'APF France Handicap et l'Ifop livraient les résultats d'une grande enquête menée auprès de 12 000 personnes sur l'accessibilité dans les métropoles de France.
Grenoble arrivait alors en première place des villes les plus accessibles. Un classement qui ne donne, pour autant, pas de raison de se réjouir, estime Catherine Mimeret, représentante de APF France Handicap 38.
"C’est bien mais cela veut simplement dire qu’on est les moins mauvais parce que finalement il n’y a quand même que 30 ou 40% des établissements qui reçoivent du public qui sont accessibles".
Le plus faible taux d'insatisfaits
Si l'on reprend les résultats de cette enquête, la capitale de l'Isère apparaît en fait en tête des villes où les sondés sont les moins incommodés par les infrastructures.30% des personnes interrogées sur Grenoble estiment être rarement ou jamais gênées lors de leurs déplacements dans la métropole des Alpes.
La loi de 2005 et ses aménagements
Pour Catherine Mimeret il reste beaucoup à faire dans les transports, le logement ou encore l'éducation."Je pense qu’il y avait beaucoup d’espoirs dans la loi de 2005 et on voit plutôt des régressions par rapport à cette loi, surtout depuis 2014 où il y a eu énormément d’arrêtés qui ont été pris pour diminuer les règles en terme d’accessibilité. Pour le logement, on est passé de 100% à 20% de logements accessibles pour les immeubles neufs".
La loi de 2005 dite "loi pour l'égalité des droits et des chances des personnes handicapées", prévoyait que tout établissement recevant du public devait être accessible à tous, et donc aux personnes en sitiuation de handicap, à compter du 1er janvier 2015.
Face aux retards pris par les structures recevant du public, un délai d'aménagement a été prévu en 2014, à condition que les établissements remplissent et s'engagent sur un "Agenda d'accessibilité programmée". Cette mesure permettait de prévoir des travaux dans les 3 ans suivants et dans certains cas d'obtenir un délai de 6 à 9 ans.
"L'égalité, ce n'est pas qu'un mot"
Les collectifs de personnes en situation de handicap ont appelé ce mardi à une journée de mobilisation. Ils étaient plusieurs dizaines réunis à Chambéry. "On a besoin d’avoir un environnement qui soit accueillant, qui soit bienveillant, qui soit accessible : l’accessibilité aux collectivités, aux commerces, à l’école, à l’emploi, l’accessibilité aux transports, tout est important pour nous. L’égalité des chances c’est pas qu’un mot, il faut vraiment mettre des actes dessus et là aujourd’hui on ne les a pas", expliquait ainsi Michelle Brauer, représentante de l’APF France Handicap de Savoie.
"Tous se mobiliser"
Emmanuel Macron a conclu la Conférence nationale sur le handicap ce mardi à Paris par un appel à la mobilisation nationale pour améliorer les conditions de vie des 12 millions de personnes en situation de handicap dans notre pays.
Le président de la République a annoncé une série de mesures, sans toutefois détailler leur financement.
- Scolarité
Leur nombre a déjà été divisé par près de deux entre 2018 et 2019, de 15.000 à 8.000. Mais "le vrai sujet est qu'on manque d'accompagnants" pour aider ces enfants à l'école.
Pour y remédier 11.500 postes d'accompagnants supplémentaires seront créés d'ici à 2022, s'ajoutant aux 66.000 prévus à la fin de l'année.
Pour les personnes en situation de handicap, beaucoup reste à faire, mais beaucoup a déjà été fait depuis deux ans et demi : pic.twitter.com/kl9tT1Z7Ga
— Élysée (@Elysee) February 11, 2020
- Aides et compensations
Cette prestation ne sera "jamais transformée, diluée ou supprimée" au bénéfice du futur revenu universel d'activité (RUA) qui doit fusionner plusieurs allocations, a-t-il affirmé.
Il a par ailleurs annoncé que le dispositif de la prestation de compensation du handicap (PCH), qui permet de financer des aides, sera étendu dès l'an prochain de manière à couvrir les aides ménagères, mais aussi l'assistance apportée par un tiers à un parent handicapé pour s'occuper de son jeune enfant.
- Emploi
Il a en outre souligné que la question du droit à la vie sexuelle de ces personnes ne devait "pas être un tabou dans la société".