Après Chagall et Miró, Brioude (Haute-Loire) expose cet été le peintre : le public peut admirer une cinquantaine d’œuvres de l'artiste jusqu’au 10 octobre. Ses peintures sont des pièces exceptionnelles pour découvrir l'univers d'un artiste majeur du XXe siècle.
C'est un évènement exceptionnel qui se déroule au Doyenné de Brioude, en Haute-Loire cet été avec cette exposition d'une cinquantaine d'œuvres de Nicolas de Staël. Certaines viennent du centre Pompidou Beaubourg ainsi que de nombreuses collections privées. L’artiste est né en1913, en Russie, et il est mort en 1955 en France. Il disparaît à 41 ans en se jetant de la terrasse de l'immeuble où il avait son atelier à Antibes. Jean-Louis Prat s’interroge : « Tout artiste est-il torturé ? Sûrement ! On est tous torturés. Il est marqué par sa vie. Il est né à Saint-Pétersbourg, en Russie. Il a dû quitter son pays à l’âge de 3 ans. Son père était général dans l’armée du Tsar. Ils sont obligés de fuir, ses parents meurent, il se retrouve seul avec ses sœurs et erre en Pologne et en Belgique. Il transporte quelque chose de différent, un peu comme Chagall. C’est quelque chose qui parle de l’Europe. Il va mettre en place une façon certaine, avec quelques hésitations, de s’exprimer : il parle des fulgurances de l’hésitation et de la certitude. C’est ce qu’éprouve tout artiste qui a en lui la création. Tout artiste est confiné dans son atelier. Il vit seul, face à son œuvre. C’est un travail solitaire, comme un écrivain. Il faut peupler cette solitude de ce que l’on est, de ce que l’on vit et de ce que l’on voit ».
L'abstraction et la figuration
Nicolas de Staël a connu plusieurs périodes et sa production s'étale sur une dizaine d'années entre 1945 et 1955. S'il est au début plutôt dans l'abstrait, il revient à un style plus figuratif comme avec une série sur les footballeurs qui est montrée pour la première fois et un tableau très connu qui représente le Parc des princes. Jean-Louis Prat, commissaire de l’exposition, explique : « C’est un des tableaux essentiels de l’exposition. Il s’agit d’un tableau-clé qui donne une idée du parcours de Nicolas de Staël, qui peint en définitive pendant 12 ans, il a une carrière très courte. Il est mort à 41 ans. Il a mis fin à ses jours. Sa carrière a été fulgurante. Ce tableau marque une étape décisive pour lui : il a toute une période abstraite, à la fin de la guerre et se demande comment représenter la figure humaine et dire ce qui s’est passé. Nicolas de Staël, avec ampleur et certitude, fait une œuvre abstraite remarquable. Petit à petit, le besoin de se recaler dans la réalité lui fait comprendre que ce sera sa voie définitive. On parlait du gang de l’abstraction avant. Avec « Le parc des princes », il y a le choc qu’il éprouve en voyant ce match France-Suède. Il va réaliser ce grand tableau et il fera avant des études, qui sont présentées ici, pour la première fois dans une exposition. Quand on voit ce tableau, on voit l’ampleur du geste et la certitude qu’il met en place, à travers cette matière et cette couleur. Il nous livre une figuration qui n’est pas exactement celle que nous voyons. Chaque artiste a son message et sa réalité. Nicolas de Staël travaillait sans fin, il disait qu’il fallait « une tonne de passion et cent grammes de patience ». Il a mis toute sa vie dans la peinture, toute cette émotion ».
Dans l'évolution du travail de l'artiste, on peut noter qu'au début, il utilisait beaucoup de matière pour ensuite se diriger vers une peinture plus fluide comme lorsqu'il s'est intéressé aux paysages siciliens. Après Miró puis Chagall les années précédentes, le Doyenné accueille les œuvres de Nicolas de Staël jusqu'au 10 octobre.