Pas de foire bio à Langeac, en Haute-Loire, cette année ! D’habitude, l’évènement accueille plusieurs milliers de visiteurs. Le COVID 19 étant passé par là, ce 17 mai, l’association Haute-Loire Biologique a proposé à la place un « drive bio » avec quatre points de livraison dans le département.
L’an dernier, l’évènement avait drainé plus de 3500 visiteurs et 80 exposants labellisés agriculture bio ou Nature et Progrès. La 17e édition de la foire bio de Langeac (Haute-Loire) aurait dû avoir lieu ce dimanche 17 mai. On y aurait trouvé des légumes de saison, des plants, de la viande, des produits laitiers, des cosmétiques et même des vins… Mais cette année, les organisateurs ont dû renoncer à cause du COVID 19. Alors ils ont mis en place un "drive bio" qui a connu un certain succès ce dimanche 17 mai.
Une formule à pérenniser
Une trentaine de producteurs de Haute-Loire ont répondu présents pour ce premier drive bio collectif. Les clients devaient passer commande à l’avance sur le site « Cagette.net ». Un rendez-vous leur était fixé pour la remise de leurs achats sur quatre points de livraison répartis dans le département de Haute-Loire (Langeac, Saint-Pierre-Eynac, Saint-Christophe-sur-Dolaison et Cohade). « Nous avons eu moins de producteurs et moins de clients qu’à la foire bien-sûr, reconnait Marie Poisson, coordinatrice de l’association Haute-Loire Biologique, mais cela nous a permis de tester un nouvel outil et c’est une formule que nous envisageons de pérenniser ».
Depuis deux mois, certains producteurs de l’association ont effectué des livraisons ou même expérimenté la formule du drive à titre individuel, mais c’est la première fois qu’une telle action en commun était mise en place. La jeune femme se dit forcément un peu déçue tout de même : « La foire, c’est une autre ambiance, c’est le lien social, le plaisir de partager un bon moment et puis il y a les expos, les ateliers pédagogiques, comme l’an dernier sur le thème de la rivière ».
"J'espère que les gens continueront d'acheter local et bio"
Installé depuis 5 ans à Saint-Geneys-près-Saint-Paulien (Haute-Loire), Willy Teyssonneyre cultive une trentaine d’hectares de céréales, du blé, du seigle, mais aussi de l’épeautre et du sarazin. Un minotier de l’Allier transforme ses céréales en farine et ensuite Willly fait du pain, une dizaine de pains biologiques différents. Il est venu ce dimanche 17 mai livrer ses produits sur les lieux de rendez-vous. « On sent que les gens sont contents de sortir avec ce beau temps », dit-il. « Ils ne parlent pas trop de la crise sanitaire, ils ont envie de parler d’autre chose ». Lui aussi pense qu’il faudra poursuivre cette formule de drive collectif et peut-être s’adapter pour livrer en fin de journée, lorsque les consommateurs sont de retour du travail.
Depuis deux mois, même si la farine s’est bien vendue, l’agriculteur-boulanger a tout de même perdu 30% de son chiffre d’affaires. Il a multiplié les livraisons chez les particuliers mais cela n’a pas compensé la mise en sommeil de plusieurs marchés où il écoule habituellement ses pains. Pour lui, cette crise aura une vertu : « Il y a des gens qui ont découvert des producteurs à côté de chez eux. S’ils ont apprécié nos produits, j’espère qu’ils continueront à acheter du local et du bio ».
Plus de 500 producteurs bio en Haute-Loire
Marie Poisson de l’association Haute-Loire Biologique pense, pour sa part, que ces deux derniers mois ont permis à un public nouveau de découvrir les produits locaux et de qualité mais aussi que ceux qui étaient déjà convertis au bio ont acheté davantage. « Les producteurs de légumes, de viande, de pain, s’en sont plutôt bien sortis pendant la période de confinement, mais la vente des produits laitiers a chuté à cause de la fermeture des marchés », constate-t-elle.
Son association travaille pour la promotion et le développement de l’agriculture biologique. « En Haute-Loire, il y a près de 520 producteurs biologiques. Il y a eu un boom en 2016 avec un appel des laiteries à la conversion des exploitations conventionnelles vers le bio. Depuis, le nombre d’exploitations bio continue de progresser mais un peu moins rapidement ». Au delà d’une pratique identifiée par un étiquetage et encadrée par un cahier des charges, c’est toute une philosophie que l’association veut défendre, du bien-être animal au manger mieux. Et chaque crise comme celle que nous vivons, d'après la coordinatrice de Haute-Loire Biologique, permet aux consommateurs comme aux producteurs de se remettre en question. De son côté, l’association a profité des deux mois de confinement pour mettre à jour la carte interactive du site Bonplanbio.fr qui permet de localiser les agriculteurs bio dans toute la région Auvergne-Rhône-Alpes.