En Haute-Loire, l’entrepreneur Thierry Hayet (société ASTI) a adapté, pendant le confinement, son activité de fabrication de housses de couette et de matelas pour faire face à une demande massive de masques en tissu. Aujourd’hui, il se retrouve avec un stock d’invendus sur les bras.
C’est en accord avec la sous-préfecture de Brioude que Thierry Hayet a mis au point au début du confinement, un masque en tissu aux normes sanitaires coronavirus COVID 19. Il a adapté ses ateliers de fabrication pour faire face à une forte demande.
je n'ai eu recours à aucun chômage partiel
Le président-directeur général de la société ASTI (à Paulhac en Haute-Loire) a loué des machines pour répondre à l’urgence et maintenir les emplois de son entreprise : « ça nous a permis de maintenir les emplois de nos ateliers et de nos associés, je n’ai eu recours à aucun chômage partiel » (NDLR : 150 emplois directs et indirects).
Coudre et assembler des masques a permis, selon lui, à des entreprises du Cantal et du Puy-de-Dôme de garder une activité économique sur site. Le Département de Haute-Loire lui a commandé aussi 260 000 masques.
40 000 masques par semaine pendant deux mois
En tout, 40 000 masques en tissu de percale fabriqués par semaine pendant deux mois : « On avait de gros soucis d’approvisionnement, je refusais des milliers de commandes par jour ». Mais depuis trois semaines, tout s’est arrêté. « Mon activité « normale » dans l’hôtellerie et l’ameublement de luxe est repartie assez fort, le problème c’est que je me retrouve avec un stock de tissu et de masques sur les bras ! » indique Thierry Hayet.
Une production en attendant les importations
L’entrepreneur avait anticipé une poursuite de fabrication de masques malgré le déconfinement. Il pensait garder cette ligne de production « pour que les territoires aient leur autonomie en cas de nouvelle alerte sanitaire », précise-t-il. « Les pouvoirs publics nous ont fait miroiter des choses, ils nous ont mis la pression pour boucher les trous, pour fabriquer le plus possible, rajoute Thierry, tout ça en attendant que les importations arrivent ». Le président d’ASTI est amer.
Des masques importés d'Asie ou du Pakistan
Comme d’autres confrères dans le Rhône, il regrette de voir arriver sur le marché des masques fabriqués au Vietnam, au Pakistan, beaucoup moins chers. Il vendait son masque à 3 euros, fidèle à un protocole sanitaire. Mais là, plus rien : « J’ai du stock sur les bras, des morceaux de tissu pré-découpés, c’est perdu, je ne sais pas quoi en faire… ». Thierry Hayet déplore un manque à gagner qu’il évalue à 600 000 euros : « Il faudrait que l’Etat nous rachète ces masques en trop, qu’il reprenne tous les invendus ». Avec le soutien de la filière "CSF Mode et Luxe, savoir-faire ensemble", l’entrepreneur espère que son investissement au service de l’urgence n’aura pas été à perte.