Une enveloppe de 60 millions d’euros : le gouvernement vient de prolonger au 29 octobre l’accès aux aides pour soutenir les agriculteurs bio face à la crise du pouvoir d’achat. Une crise qu’ils subissent de plein fouet avec une baisse historique des ventes.
Dans ce supermarché de Haute-Loire, le rayon bio a beau être bien achalandé, les produits frais en tête de gondole, rien ne semble enrayer la baisse des ventes. Le bio n’a plus la cote : « Je ne suis pas spécialement consommatrice de bio, parce que je trouve que c’est cher », explique une habitante venue faire ses courses. Un autre client renchérit : « On regarde les prix et le bio a tendance à avoir des prix un peu exagérés. »
Des prix jugés trop élevés
En cause, la baisse du pouvoir d’achat des ménages, avec des produits qui restent encore souvent 20 à 30% plus chers dans les rayons. Loïc Falgère, directeur de cette grande surface de Chadrac, constate : « Aujourd’hui, la baisse s’explique par le prix. Vu la conjoncture, les gens préfèrent se diriger vers le rayon des pâtes classiques où ils peuvent trouver un paquet 1er prix à 70 centimes, un paquet de marque nationale à 1,30€ , plutôt que d’aller dans le rayon bio où le paquet sera à 2,99€. C’est un choix de prix ».
Pour maintenir ses ventes et garder sa clientèle, Nicolas Palhès, le gérant d’un magasin franchisé spécialisé dans les produits bio à Brive-Charensac, n’a pas hésité à diminuer ses marges : « Il y a eu beaucoup de fermetures de magasins récents, qui s’étaient ouverts post Covid. Il s’en est ouvert partout, beaucoup trop, et la clientèle n’est pas extensible non plus. »
Les agriculteurs persistent
Et pourtant l’écart entre produit conventionnel et produit bio n’a jamais été aussi faible. L’inflation pourrait même avoir un effet positif à long terme : promouvoir une agriculture plus en accord avec l’environnement et la santé humain. Hervé Fayet, directeur de Haute-Loire Biologique, indique : « Quand vous prenez des produits avec des têtes de mort sur tous les centimètres de l’étiquette et que vous êtes un agriculteur qui a l’habitude de travailler sans tous ces produits, c’est difficile de faire machine arrière. C’est même, pour certains, impossible. Je pense que la plupart des agriculteurs et agricultrices qui sont en bio veulent continuer ce mode de production ». Selon une enquête de Capital, le panier moyen des consommateurs de produits bio n’aurait augmenté que de 5% depuis le début de l’année, contre 15% pour les produits conventionnels.
-Propos recueillis par Laurent Cluzel pour France 3 Auvergne