INSOLITE. Quand on chassait la foudre à Saint-Privat-d’Allier en Haute-Loire

Le petit village de Saint-Privat-d'Allier en Haute-Loire a abrité durant plus de 20 ans une station de recherche sur la foudre, accueillant des chercheurs du monde entier. Une exposition retrace cette histoire oubliée et pourtant extraordinaire.

Entre Saugues et le Puy-en-Velay, Saint-Privat-d’Allier est un petit village de Haute-Loire d’environ 400 habitants. Un village qui, dans les années 70, s’est retrouvé au cœur de l’actualité scientifique, grâce à un phénomène sans doute aussi terrifiant que fascinant : la foudre. A cette époque, « les normes de protection contre la foudre ne sont plus adaptées à l’électronique » relate une exposition qui nous éclaire sur ce passé oublié. « Deux organismes de recherche initient le projet : le CEA (Commissariat à l’Energie Atomique) et EDF ». Après des tests de faisabilité en 1973, la station sera opérationnelle de 1974 à 1996.

Aujourd’hui abandonné, le site a accueilli des chercheurs du monde entier. Le maire Guy Eyraud et son adjoint Jean-Louis Marion étaient encore enfant et adolescent lorsque la station était active. De cette période, ils ont gardé des souvenirs, des images surtout : « quand on était loin, qu’on voyait l’éclair descendre, pour nous c’était un amusement, ce n'était pas de la recherche", confie Jean-Louis Marion.

Une première mondiale

En juillet 1973, un éclair artificiel est déclenché sur le pylône déployé à Saint-Privat-d’Allier, grâce au lancement de fusées depuis une aire de tir au sol. Une première mondiale. « La presse quotidienne et scientifique s’empare du scoop, de nombreux articles paraissent dans France Soir, Le Monde, La Dépêche, La Terre, Science et Avenir et même le journal de Mickey », détaille encore l’exposition.
C'est alors qu'est né le groupe de recherche avec 8 organismes qui vont se relayer sur le site pendant 20 ans .

"Comme ça a fonctionné, il y a d’autres sites qui ont été rendus possibles en Allemagne, au Japon, mais c’est vraiment à Saint-Privat-d’Allier en France que ce premier éclair a été déclenché", souligne Sébastien Lamy-au-Rousseau, guide conférencier et chargé de mission pour l'inventaire du patrimoine scientifique.
"Les scientifiques français sont allés aux Etats-Unis sur le site de la NASA par exemple parce qu’ils étaient considérés comme les experts pour lancer ces fusées et notamment sur le site de Cap Canaveral en Floride", poursuit-il.

Ici, des études appliquées à l'automobile, la protection des aéroports et des aéronefs, la prédiction météorologique ont été menées. Sur plusieurs hameaux autour du pylône, les chercheurs prenaient des photos, récupéraient les données. Ils ont même installé la fibre optique pour les études d'impact de la foudre.

"Ils venaient avec toute leur famille, ce qui fait qu’ils prenaient d’assaut toutes les locations sur la commune et sur les communes aux alentours pendant tout l’été. Cela pouvait représenter entre 150 et 200 personnes qui étaient là, liées à cette recherche sur la foudre", se souvient encore le maire.

Le choix du site, plus qu'un coup de foudre...

Saint-Privat-d’Allier en Haute-Loire a été choisi pour plusieurs raisons : « la région est fortement foudroyée ; l’implantation est suffisamment éloignée des habitations, des routes et des lignes EDF », relève encore un panneau de l’exposition qui cite également une étude déjà en cours à cette époque sur le foudroiement d’une ligne 225 000 volts dans le secteur.

Le site a été abandonné toutefois en 1996, les chercheurs ayant trouvé d'autres endroits dans le monde "plus foudroyés" comme au Brésil pour poursuivre leurs études… Mais celles réalisées pendant 20 ans en Haute-Loire ont notamment permis « de redéfinir les caractéristiques de la foudre dès 1980 et de créer de nouvelles normes de protection, de mettre en place des réseaux de détection de la foudre utilisés par Météo-France » ou encore « de signaler la présence d’un nuage électriquement chargé traduisant l’imminence de la foudre grâce à des capteurs »
 
Le site est abandonné depuis la fin des années 90 mais une exposition retrace son histoire étonnante. Intervenants : Jean-Louis Marion, témoin de l'époque ; Sébastien Lamy-au-Rousseau, guide conférencier et chargé de mission pour l'inventaire du patrimoine scientifique ; Guy Eyraud, maire de Saint Privat-d'Allier

 
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