Le 31 janvier, les professionnels de l'animation sociale seront dans la rue. À Brioude, en Haute-Loire, certains centres sociaux, menacés de fermeture, se mobilisent déjà pour protester contre le manque de compensation financière qu'ils estiment nécessaire alors que les salaires et les statuts de leurs employés ont été revalorisés.
C'est un des plus petits centres d'animation sociale de France. Le centre social de Brioude, en Haute-Loire, compte six salariés dont une arrivée tout récemment d'une conseillère numérique. En 20 ans d'existence, l'association assure des missions d'accompagnement des familles et des individus : permanences juridiques, médiation familiale ou bien gym adaptée pour bien vieillir. Des activités beaucoup appréciées des bénéficiaires. “C’est sympa, confie l’une d’eux. Il y a beaucoup d'échanges. Il y a beaucoup de bonne humeur. Tout ce que l’on fait ici est intéressant”. Une autre ajoute : “C’est très bien situé. C’est que du bonheur”.
Une demande de plus en plus forte
Des ateliers réguliers sont aussi proposés aux assistantes maternelles avec le relais petite enfance. Anaïs, venue avec son fils Malo, se réjouit de la présence de ce centre d’animation. Elle indique : “C’est hyper rare d’avoir des activités diverses pour les tout-petits. Malou a déjà fait du baby cirque . Là, c’est la première fois qu’il fait un atelier de cuisine et ça se voit que ça lui plaît”.
Depuis la crise sanitaire, les missions et les champs d'action sociale auprès de la population ont explosé. Anne-Marie Rigaud, directrice du centre d'animation sociale Déclic explique : "Ce n’est pas de la précarité ou de l’assistanat. C’est être ensemble et rompre avec l’isolement. Venir quand on est plus fragiles et soutenir quand on se sent mieux. Notre rôle est d’accompagner et de soutenir sur toutes les missions au service des habitants que l’on peut développer”.
Un appel à la mobilisation
Oui mais voilà, depuis six mois le budget annuel de 280 000 euros a explosé. Avec l'augmentation des salaires et des charges liées, il manque 30 000 euros pour éviter la fermeture. Une situation que déplore Jean-Pierre Biancheri, co-président de l'association gestionnaire de Déclic : "On demande à nos partenaires financeurs de combler, de manière exceptionnelle, le trou pour 2024. Et ensuite, on demande de trouver des solutions pérennes pour les années à venir”.
Fabrice Gout, délégué général des centres sociaux en Auvergne-Rhône-Alpes, tire la sonnette d’alarme : “Entre l’augmentation des charges de fonctionnement et la baisse de certains financements, il faut une réforme de notre salariat. Il y a des gens qui doivent être mieux payés. Il y a des gens qui interviennent tous les jours auprès des enfants et qui n'ont pas de gros salaires. C’est nécessaire de bien les payer pour rendre ce métier attractif. Surtout quand, face à cela, on voit une hausse des besoins de la population”. Il ajoute : “
Si on ne trouve pas de solutions rapides et pérennes , ces centres vont devoir réduire une partie de leurs activités, voire les arrêter complètement.
Fabrice GoutDélégué général des centres sociaux en Auvergne-Rhône-Alpes
Il poursuit : "On appelle nos partenaires et nos adhérents à se mobiliser pour se pencher ensemble sur le modèle du centre social”.
Financé par la commune de Brioude, la CAF et les adhésions modestes des bénéficiaires, le centre espère aussi une aide pérenne du Département.
Propos recueillis par Laurent Cluzel / France 3 Auvergne.