Lundi 16 octobre, à la reprise des débats, lors de la deuxième semaine du procès en appel de l’affaire Fiona, les avocats de Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf, ont obtenu le renvoi du procès en appel. La raison : leur probité aurait été mise en cause par une avocate des parties civiles.
"La cour a décidé, sans l'avis des jurés, de procéder au renvoi du procès à la session de janvier 2018". Le procès en appel de l'affaire Fiona est donc renvoyé au lundi 29 janvier 2018, à 14 heures. Les avocats de la défense ont obtenu gain de cause.
Il est un peu plus de 9 heures, lundi 16 octobre, lorsque Me Portejoie, avocat de Cécile Bourgeon, la mère de Fiona, prend la parole pour demander le renvoi du procès : "Nous sommes contraints de demander le renvoi du dossier. Nous savons que ce renvoi va être douloureux pour les parties civiles. (...) Mais ce renvoi est essentiel au vu des accusations portées à l'encontre de la défense. Ces accusations abjectes ont discrédité la défense. Comment pourrions-nous nous maintenir maintenant que notre probité est mise en cause? Comment les accusés pourraient être entendus si la présence de leurs défenseurs est remise en cause?".
Quelques jours plus tôt, Me Renaud Portejoie et Me Mohamed Khanifar avaient senti leur probité remise en cause par Me Grimaud, avocate des parties civiles.
Une prise en otage
Les avocats des parties civiles, Me Portal et Me Crespin, considèrent qu'un renvoi du dossier ne profiterait à aucune partie. Bien que Me Crespin se désolidarise des propos tenus par Me Grimaud, il n'apprécie guère "cette prise en otage" du procès en appel par la défense.
De son côté, l’avocat de la mère de Cécile Bourgeon, partie civile, s’est associé à la défense pour demander le renvoi du procès. Me Deschamps prétend qu'un "poison insidieux" a éclaboussé vendredi la défense et que "l'excuse tardive n'en constitue aucunement le vaccin".
Vendredi 13 octobre, Maître Grimaud, avocate d'une association de protection de l'enfance laisse entendre que Maître Khanifar, avocat de Berkane Makhlouf, aurait pu se rendre coupable de subornation de témoin. En l'occurrence : un témoin appelé à la barre dont il a eu à défendre les intérêts par le passé. En d'autres termes, celui qui n'était pas encore le défenseur de Berkane Makhlouf aurait pu préalablement glisser des réponses à ce témoin en vue du procès.
Me Khanifar, avocat de Berkane Makhlouf avait déploré que Me Grimaud use "de procédés déloyaux, inadmissibles et dévastateurs" (...) "Nous avons saisi une plainte ce weekend pour que lumière soit faite et que la justice retrouve son sens. Il n'y a pour moi pas d'autre solution que le renvoi de ce dossier" avait-il déclaré avant de quitter le prétoire.
Lundi, Me Grimaud a rappelé aux avocats de la défense qu’elle leur avait présenté ses excuses. "Je suis avocate d'une association pour la protection de l'enfance. Pour moi Fiona, ce sont aussi d'autres petites filles et d'autres petits garçons. Donc je ne partirai pas. (...) Je ne qualifierais pas [ce qui s'est passé vendredi] d'événement "grave", mais d'événement de procès d'assise".
Une pantalonnade
Pour Maître Constentino, avocat des parties civiles la demande de renvoi des avocats de la défense est une "vaste pantalonnade (…) c’est de la rigolade".
Berkane Makhlouf prend à son tour la parole à la demande du président : "Les accusations qui ont été faites à mon avocat sont graves. Une semaine de procès c'est difficile (...) Avec le retard qu'on a pris, je ne sais pas si c'est serein de continuer le procès. Ça a été difficile de vivre cette semaine, mais ce sera aussi difficile si le procès est reporté. Je fais entièrement confiance à mon avocat ".
La Cour a donc décidé de suivre la demande des avocats de la défense. Le procès est renvoyé à la session de janvier 2018.