Les agriculteurs en colère se sont rassemblés au Puy-en-Velay ce jeudi 25 janvier. Ils ont déversé pneus et laine devant certains bâtiments administratifs, et bloquent le contournement de la RN88 jusqu’à 18 heures.
Quelque 120 tracteurs se sont rassemblés ce jeudi 25 janvier au Puy-en-Velay dans le cadre des manifestations nationales du monde agricole. Les manifestants s’étaient donné rendez-vous sur 3 ronds-points avant de se diriger vers la direction générale des finances publiques, l’office français de la biodiversité et la préfecture, où ils ont deversé de la laine, des pneus, des déchets végétaux…
Laurine Rousset, est agricultrice, installée depuis 5 ans sur l'exploitation familiale et présidente des JA du département de la Haute-Loire. Elle est révoltée par les conditions de travail des agriculteurs : “Comme nos confrères et nos consœurs dans les autres départements, on a voulu faire comprendre notre ras-le-bol général et le mal-être qu'il y a dans les campagnes pour plusieurs raisons. La première, c'est qu'on fait notre travail correctement, qu'on l'a toujours fait, qu'on s'est toujours plié à la réglementation, aux normes...Cela fait des années qu'on est l'agriculture la plus vertueuse au monde et qu'on n'est pas capable de nous donner un petit peu de reconnaissance. On nous assomme de paperasse, on nous assomme de normes.”
Je pense qu'on se fiche bien de nous.
Laurine Rousset, agricultrice
Pour Laurine Rousset, le problème vient d’abord d’une concurrence déloyale venue de l’étranger : “On nous prône la souveraineté alimentaire, sauf que la nouvelle PAC n’est pas orientée là-dessus. Sur la biodiversité, il faut être toujours plus blanc que blanc. La preuve en est qu'on interdit l'utilisation de molécules phytopharmaceutiques sur nos animaux et sur nos cultures. Sauf que nos animaux, on ne les fait pas naître et nos cultures, on ne les sème pas pour les voir mourir. À côté de ça, les pays voisins utilisent ces molécules, donc ça leur permet de garder leurs cultures, ça leur permet de garder leur exploitation et ça leur permet surtout de garder leurs agriculteurs. En plus on importe la nourriture de ces pays-là ! C'est de la concurrence déloyale et en plus, on fait manger de la m**** aux Français.”
Une profession en mal d'attractivité
Laurine Rousset insiste également sur les difficultés rencontrées par ceux qui veulent s’installer : “Il faut un an voire un an et demi pour s'installer avec toute la paperasse. Quand vous faites un bâtiment, je n'en parle pas. Aujourd'hui, on est dans un système d'inflation. Les jeunes vont aller emprunter comme tout chef d'entreprise avec des taux à 4% alors que derrière on fait travailler les artisans, on nourrit la population et avant il y avait des taux bonifiés. Il va peut-être falloir faire quelque chose si on veut continuer à installer des jeunes. Encore plus chez nous en Haute-Loire pour la simple et bonne raison qu'on est une région d'élevage et ce n'est pas la filière la plus attractive. Il faut rentrer tous les soirs pour s'occuper des bêtes, pour faire la traite, on travaille avec du vivant. Je veux bien qu’on soit passionné mais quand ça fait plusieurs mois qu’on ne sort que 300€ par mois pour certains, ce n'est pas possible, en travaillant 70 heures par semaine”. Elle craint que les jeunes ne soient découragés avant même d’être installés.
Des manifestations qui devraient durer
Elle prévient, le mouvement ne s’arrêtera pas tant que les agriculteurs n’auront pas obtenu satisfaction : “Là, tout est lancé. Tous les départements sortent, c'est un mouvement national. On est aux portes de Paris. On a la population avec nous et le gouvernement le sait très bien. On est équipé sur nos exploitations, alors aujourd'hui, si on veut bloquer, on peut le faire très rapidement. On a des moyens de pression. On a les tracteurs de l'Oise qui étaient hier à 50 km. Aujourd'hui, ils doivent être à 40. Ils se rapprochent de 10 km tous les jours. On sera solidaire et on montera aussi. C’est dommage d’en arriver là mais à force de tirer sur la corde, elle casse. Notre place n’est pas sur les routes, elle n'est pas à manifester, mais là, on est pris pour des vaches à lait.”
Vous pouvez suivre le trafic en temps réel grâce à notre carte :
Un blocage du contournement du Puy-en-Velay de la RN 88 a lieu jusqu’à 18 heures.