Haute-Loire : des apiculteurs se mobilisent contre la réintroduction des néonicotinoïdes

Au Puy-en-Velay, une manifestation avait lieu samedi 24 octobre, contre la réintroduction des pesticides néonicotinoïdes dans les cultures en 2021. Le texte de loi sera présenté devant le Sénat le 27 octobre et les défenseurs de l’environnement espèrent un rejet de la part des sénateurs.

Au Puy-en-Velay, des apiculteurs et défenseurs de l’environnement se mobilisent contre la réintroduction des pesticides néonicotinoïdes, nuisibles aux insectes pollinisateurs et notamment aux abeilles, d’ici 2021. Utilisés pour les cultures de betterave sucrière, les néonicotinoïdes avaient été interdits en 2018 après que plusieurs études ont démontré leur dangerosité pour la biodiversité. Un projet de loi pour leur réintroduction sera présenté au Sénat le 27 octobre : « On a le sentiment d’un combat perdu. Les sénateurs avaient déjà voté en faveur du maintien des néonicotinoïdes en 2018, on ne voit pas comment ça pourrait être différent. Les voir revenir comme ça, en catimini, pour de mauvaises raisons, c’est un découragement », explique Aurore Treille, apicultrice au Puy-en-Velay.

"Dans un an, ils auront les mêmes problèmes, la pollution en plus"

Aurore Treille est également membre de l’association France Nature Environnement et dans ce cadre, elle a organisé au Puy-en-Velay une manifestation contre la réintroduction de ces pesticides, samedi 24 octobre, qui a réuni environ 80 personnes : « On espérait plus, mais les militants sont souvent des gens qui ont mené ce combat pendant une décennie, qui sont à un stade d’épuisement face à tout ça. Ici en Haute-Loire, nous ne sommes pas vraiment une zone d’activité agricole intensive, on est plutôt préservés, mais on ne peut pas dire qu’on s’en moque, c’est un enjeu mondial », insiste l’apicultrice. Pour elle, les problèmes de la filière sucrière française ne viennent pas de l’interdiction des néonicotinoïdes mais d’autres problématiques: « Il y a la fin des quotas, la surproduction mondiale, tout n’est pas la faute des pucerons. Dans un an, ils auront les mêmes problèmes, la pollution en plus », martèle Aurore Treille.

La problématique de la souveraineté alimentaire

Selon elle, la solution passe par un choix de variétés plus tolérantes, des semis moins précoces, des champs moins vastes et la réintroduction de prédateurs naturels du puceron, comme les coccinelles. La députée de la 1ère circonscription de Haute-Loire Isabelle Valentin (LR) s’est, elle, montrée favorable à la réintroduction des néonicotinoïdes : « Sont en jeu 40 000 emplois et 20 000 familles, mais surtout la filière sucrière française et la souveraineté alimentaire. C’est une mesure encadrée. Les néonicotinoïdes ne seront pas utilisés en pulvérisation mais en enrobage des graines, ce qui pollue quand même la terre et les eaux mais préserve les abeilles. Les agriculteurs qui en utilisent ne pourront pas planter de plantes mellifères », affirme la députée. Selon elle, si la filière sucrière française s'effondre, du sucre sera importé de pays où l'usage des néonicotinoïdes est autorisé.

Une mesure temporaire

Elle insiste sur le fait que la mesure est temporaire : « C’est valable pour 3 ans et renégociable tous les ans. J’ai demandé des rapports pour faire un état des lieux de l’évolution des techniques agricoles. Si rien n’est fait pour aller vers une agriculture sans pesticides, l’année prochaine ou dans 2 ans je voterais contre. Il faut être bienveillant mais que les choses avancent. » Aurore Treille, quant à elle, insiste sur l’impact des pesticides pour l’être humain : « Les néonicotinoïdes dans l’eau sont dangereux pour la santé humaine. Je ne m’inquiète pas pour la planète, elle s’en relèvera, c’est nous qui n’allons pas nous en remettre. » Selon une étude publiée dans la revue Pos One en 2017, 80% des insectes volants pourraient disparaitre d’ici 30 ans, en raison des pratiques agricoles et des pesticides.
 
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