Michel est prêtre en Haute-Loire. À l'âge de 8 ans et demi, il a été abusé sexuellement par un homme d'Église. Aujourd'hui, il ressent le besoin de témoigner.
Michel a été victime d'un viol lorsqu'il avait 8 ans et demi. Lors d'une colonie de vacances en Auvergne, il a été abusé par un prêtre devant une quinzaine de jeunes camarades et devant son propre frère. Il a mis plus de 30 ans pour pouvoir en parler.
« Je parle avant tout pour rendre hommage, pour rendre sa dignité à un petit garçon de 8 ans et demi qui n’avait pas pu parler quand cela s’est passé en Auvergne. Aujourd’hui, il peut enfin parler. Je ne témoigne pas pour qu’on s’apitoie sur ma situation. [...] Il faut expliquer et mettre des mots. Des mots parfois un peu durs. Et lorsque les gens prennent conscience, on est dans la prévention et la protection. Parler, c’est aider les gens à prendre conscience de cette réalité ».
Le prêtre qui a agressé Michel a été jugé et condamné pour d'autres faits, mais jamais pour cette agression-là. Il est depuis décédé, mais c'est à l'Église que Michel demande des comptes.
« En tant que victime, j’attends de l’Église qu’elle protège mieux les enfants et les jeunes, tout comme la société. Qu’elle mette des moyens, des outils pour mieux protéger : faire de la prévention, faire preuve de discernement, c'est-à-dire voir si une personne est apte à travailler avec des enfants. Il faut des gens compétents et les curés ne sont pas forcément les mieux placés pour discerner. J’attends de l’Église davantage que des belles paroles », assène-t-il.
Et de poursuivre : « Moi je veux bien qu'on me dise qu’on a entendu ma grande souffrance, mais j’aimerais qu’à côté de la grande souffrance il y ait des actes. Je connais la situation financière de l’Église et je souhaiterais qu’on crée un système pour qu’il y ait une réparation pécuniaire. Pour les victimes se pose en effet la question de la réparation. Celle-ci commence par les soins apportés aux victimes, qui ne disposent pas toujours de moyens financiers pour les suivre. Comment l’Église va permettre à ces victimes de pouvoir suivre des traitements indispensables ?»
« J’ai subi un traumatisme psychique mais j’ai subi aussi, en tant que chrétien, un traumatisme spirituel. Comment peut-on nous aider à réparer cela ? Aujourd’hui, j’attends de l’Église qu’elle reconnaisse enfin, dans toute sa mesure, le scandale énorme qu’a été l’abus de mineurs par des prêtres et autres acteurs pastoraux en son sein, couverts par des autorités et parfois érigé en système ».
Aujourd'hui, Michel est lui-même devenu prêtre. Il affirme aimer ce qu'il fait. Mais pour lui, il y a urgence et sur cette question de la pédophilie, l'Église ne va assez loin et assez vite.
"Les autorités de l’Église et les victimes ne sont pas sur la même ligne. L’Église explique qu’elle fait de la prévention, qu’elle va engager des poursuites au tribunal, etc. Mais nous, les victimes, on n’est pas dans cette dimension, on voit une urgence. On a vécu l’enfer et on voit que des enfants et des jeunes peuvent encore être en danger. Il faut donc agir. On voit aussi des victimes qui sont tellement à terre qu’il faut agir plus vite".