Les forêts privées de Haute-Loire sont mises à mal : déjà attaquées par des maladies et affaiblies par le réchauffement climatique, la tempête Monica a été le coup de grâce. Le syndicat Fransylva tire la sonnette d’alarme.
Des milliers d’arbres ont été cassés, déracinés, par les vents violents amenés par la tempête Monica en Haute-Loire, dans la nuit du 9 au 10 mars. Les forêts privées ont payé un lourd tribut, alerte Philippe Beignier, président de Fransylva 43, syndicat des propriétaires forestiers de la Haute-Loire. “La tempête Monica nous a fait de gros dégâts, beaucoup plus importants que lors des dernières tempêtes. Ça s'est additionné à un phénomène des arbres qui ont été atteints de maladies ou qui ont dépéri suite au changement climatique que l'on voit aujourd'hui.”
Des arbres affaiblis
La Haute-Loire abrite beaucoup plus de résineux que de feuillus, et cette tempête a affaibli les essences locales : “On a 75% de résineux et 25% de feuillus, ce qui est exactement l'inverse de la France et nous notons un dépérissement de notre essence, le sapin pectiné qui décroit très vite. Tous les arbres qui sont en dessous de 1 000 mètres périssent en 3 mois. Un arbre affaibli tombe plus facilement, avec un coup de vent important, que par le passé. Par le passé, il arrivait à résister. Aujourd'hui il tombe quasiment systématiquement”, regrette Philippe Beignier. Quelque 1 200 arbres de forêts privées sont tombés en l’espace de quelques heures.
"L'état sanitaire de nos forêts en Haute-Loire n'est pas bon"
Ces chutes massives ont provoqué des incidents, “des chutes sur des poteaux, des coupures de téléphone, de la fibre ou de l'électricité, ou des arbres qui sont tombés chez le voisin”, précise Philippe Beignier. Il ajoute : “J’ai un adhérent qui à lui tout seul a eu plus de 2 000 arbres couchés. Ils n’ont pas été déracinés mais ils ont été couchés par le vent. Ils avaient été plantés il y a 8 ans, donc ils étaient relativement faibles. La question est de savoir s'ils arriveront à se redresser ou pas.” D’ordinaire, en cas de tempête, seules quelques centaines d’arbres tombent selon lui.
L’est du département est le plus touché, précise Philippe Beignier : “Il y a eu plus de dégâts dans l'est. Le vent a été plus puissant de ce côté-là. On a eu des pointes du côté de Tence à 160 km/h, donc, je pense que c'est surtout lié à la puissance du vent. D'une manière générale, l'état sanitaire de nos forêts en Haute-Loire n'est pas bon mais il n’y a pas de zone pire qu'une autre, ça reste très homogène.”
L'importance d'une assurance
Face à ces incidents qui se multiplient, il encourage à assurer son bois ou sa forêt : “Nous sommes responsable de nos arbres, c'est à dire qu'un arbre, quand il tombe, il peut faire des dégâts à quelqu'un ou à quelque chose. C'est la responsabilité civile des arbres qui peut assurer ces dégâts. Mais malheureusement, on peut le voir, il y a beaucoup de gens qui ne sont toujours pas assurés. Ils assurent leur voiture, ils assurent leur maison, ils oublient d'assurer leur bois. Pourtant, ce n’est pas très cher puisque, pour une propriété moyenne en Haute-Loire, 2 à 3 hectares, cela coûte 27,50€ pour l'année. C'est dérisoire, j'invite les gens à absolument s'assurer !”
Des incidents en augmentation
L’assurance est importante en cas d’accident matériel ou corporel, mais il ne faut pas non plus oublier de transférer la responsabilité le cas échéant, recommande Philippe Beignier : “Quand on a des bois que l'on veut faire enlever parce qu'ils sont morts, il faut les vendre à quelqu'un, même d'une manière symbolique. Si vous n'avez pas de vente, c'est considéré comme du travail au noir et c’est illégal. Il faut absolument faire un contrat de vente, même d’un euro symbolique, même s'il n'y a pas de transaction réelle. C’est important aussi en cas d’accident parce que la responsabilité est à celui qui a acheté le bois. Malheureusement, le département de la Haute-Loire, l'année dernière, était le département où il y a eu le plus d'accidents mortels de tracteurs en forêt.” Une médaille dont les propriétaires altiligériens se passeraient bien.