Les travaux d'installation d'une microcentrale hydroélectrique sur une rivière, près d'Yssingeaux (Haute-Loire), provoquent une levée de boucliers des pêcheurs locaux. Des dépôts de plainte sont en cours auprès de l'Office Français de la Biodiversité.
Près d’Yssingeaux (Haute-Loire), l’Auze est une rivière de moyenne montagne qui, comme la plupart des rivières du département, est fragilisée par des sècheresses à répétition. Les riverains s'inquiètent de l'impact des travaux d'une microcentrale hydroélectrique contre laquelle ils luttent depuis 2017, en vain : "Les travaux ont démarré pendant une période qui était interdite. Il ne devait pas se faire de travaux entre le 15 octobre et le 30 avril. Les berges ont été détruites et ils ont renvoyé des cailloux dans la rivière. Cela perturbe les truites", s’indigne Robert Clémençon, président de l'association de pêche d'Yssingeaux et des Sucs.
"On va perdre environ 1,8 km de débit réservé"
Des microcentrales sur les cours d'eau en Haute-Loire, il en existe déjà une quarantaine. Aujourd'hui, la Fédération de pêche insiste sur la nécessité de ne plus en installer : "On est là pour protéger nos milieux aquatiques et on est pour l’amélioration de l’existant. On arrive généralement à des consensus pour améliorer les centrales, pour qu’elles produisent mieux et qu’elles produisent plus et de la bonne manière, sans trop abîmer les milieux aquatiques puisqu’elles existent déjà. Là, on va perdre environ 1,8 km de débit réservé. Il y aura un débit epsilon dans la rivière et tout le reste sera turbiné et passera dans des tuyaux. Ce n’est pas ce que l’on souhaite, en tant que défenseurs du milieu aquatique", indique Florian Chopard-Lallier, directeur de la Fédération de pêche et de protection du milieu aquatique de Haute-Loire.
Une rivière "asséchée"
Pour les opposants, le bénéfice de la production d’électricité, pour l'équivalent de 200 foyers, est disproportionné au regard des dégâts à venir : "Cela va laisser 80 litres d’eau à la rivière, ce qui correspond à 3 seaux d’eau, pendant l’été. Le lit de la rivière va être complètement asséché ou presque et il va rester un filet d’eau au milieu de la rivière. Tous les microorganismes vont disparaître, ou presque. Qui dit microorganisme dit nourriture pour les oiseaux, nourriture pour les truites…Tout ça va être chamboulé", affirme Christian Peyron, président du collectif de protection du bassin de l'Auze. Le propriétaire de la microcentrale hydroélectrique n'a pas donné suite à notre demande d'interview. Une clarification administrative avec les services de l'Etat est attendue avant la reprise des travaux. A noter que la microcentrale a été validée par la préfecture en juillet 2019 et les recours administratifs épuisés en avril 2023.