Face à la flambée du prix du gazole, Louis, un serveur dans un restaurant de Haute-Loire a trouvé la parade. Il a décidé de venir, une fois par semaine, au travail à cheval.
C’est un équipage qui ne passe pas inaperçu sur la route. Ce lundi 14 mars, Louis Geneix, un habitant de Lapte, en Haute-Loire, a troqué sa Clio habituelle contre un cheval, pour aller au travail. Ce serveur de 21 ans est employé dans une brasserie à Yssingeaux. Il raconte en souriant : « Ce matin, je suis venu au travail à cheval. C’est le prix du carburant qui a motivé mon choix. Il y a eu une discussion avec mon patron : il devait changer de voiture dans la semaine et je lui ai dit de prendre une voiture électrique, vu le prix du gazole. Il m’a dit que j’étais tranquille car j’avais mon cheval. Du coup, je suis venu à cheval ».
Moins d'une heure de trajet
Pas moins de 15 km séparent le pré de sa jument du restaurant où il travaille. Louis a mis un peu plus de temps que les 10 minutes de trajet habituelles pour se rendre au travail : « Cela m’a pris moins d’une heure pour venir. Je prends la route normale et une partie de la voie verte. Mon cheval est bien désensibilisé, il a l’habitude des voitures. S’il y a du brouillard, je mets un gilet jaune et une marque phosphorescente sur la queue du cheval ». Le jeune cavalier s’attend à prendre de nouvelles habitudes : « A partir du jeudi, je travaille les midis et les soirs. Cela me fait quatre trajets. Je vais faire les trajets à cheval une fois par semaine. Cet été, je pense que je viendrai au moins pour les services du midi à cheval. Pour le soir, je n’aurai pas le choix, je devrai prendre ma voiture car je ne peux pas rentrer de nuit à cheval ».
"Ca ne va pas être rentable du tout si on continue comme ça"
Ce sont des motivations économiques qui ont conduit Louis à effectuer ce choix : « Je n’ai pas chiffré l’économie que je vais réaliser mais je pense que ça va jouer pas mal. En décembre, je faisais à peu près le mois avec 80 euros de gazole et là j’ai doublé, voire plus. Venir à cheval va changer les choses. En voiture, j’ai réduit mes trajets au strict minimum. Voir les prix des carburants qui grimpent est une situation qui m’inquiète. J’en étais à me demander si je pouvais aller travailler, voir si ça allait être rentable, avec les dépenses qu’on a pour s’y rendre. C’est vraiment la question que je me posais. Ca ne va pas être rentable du tout si on continue comme ça ». Le serveur gagne 1 200 euros net pour 35 heures de travail hebdomadaires.
Des collègues et des automobilistes surpris
Ce trajet à cheval n’a pas laissé indifférent : « Mes collègues ont été un peu surpris. Ils se sont dits que je n’étais pas capable de le faire et quand ils m’ont vu débarquer à cheval, ils n’en revenaient pas. Il y a des automobilistes qui se sont arrêtés pour me dire que ma démarche était top. Je ne m’attendais pas à cela ». Eole, sa jument de 7 ans, n’est pas effrayée par les voitures : « Elle est habituée à faire des trajets. Tout l’été, on part en randonnée. On avait même commencé à préparer un voyage à Saint-Jacques de Compostelle mais c’est tombé à l’eau avec l’épidémie de COVID. Il y a une petite aire d’herbe juste à côté de la brasserie. J’attache mon cheval avec un seau d’eau et sa ration de granulés. Depuis la salle de ma brasserie, j’ai la vue dessus et je jette des coups d’œil réguliers ».
"Franchement, ça caille sur le cheval"
Louis a réellement apprécié ce trajet sur sa monture, même si les températures étaient fraîches : « C’est vraiment chouette. Je me suis levé et j’étais beaucoup plus content d’aller au travail que d’habitude. En plus, tout était gelé ce matin, je n’ai pas eu à dégeler le pare-brise. Mais franchement, ça caille sur le cheval, comme il n’y a pas de chauffage. Ca allait mieux au retour, j’étais trop bien, il n’y avait pas de vent ». Le jeune serveur pense que son initiative peut inspirer d’autres personnes : « Je pense que ça peut donner des idées à des gens d’utiliser des moyens alternatifs comme le vélo, la trottinette, les rollers. Il y aussi une démarche écologique derrière tout ça, pour réduire notre empreinte. Je le fais pour une raison valable. Les gens parlent beaucoup mais n’agissent pas ». Une initiative écologique et économique qui mérite d’être saluée.