C'était il y a 20 ans. Le 24 mars 1999, l'incendie du Tunnel du Mont Blanc causait la mort de 39 personnes. Quelques années plus tard, un procès hors-norme expliquera ce drame par de graves défaillances de sécurité. RDV à 10h50 dimanche sur France 3 Alpes pour notre émission spéciale.
L' incendie a été provoqué par un camion frigorifique belge qui transportait de la farine et de la margarine. Pendant près de 24 heures, les pompiers avaient dû lutter, au prix de la vie de l'un d'entre-eux, contre des fumées très épaisses et une chaleur impossible, jusqu'à 1.200 degrés sous la voûte du tunnel.
La vétusté mise au jour
Dans le tunnel, pas de galerie de secours pour s'échapper, mis à part les 36 refuges équipés d'un système de surpression d'air pour repousser les fumées toxiques pendant une ou deux heures. Mais le système de ventilation du tunnel était trop vétuste à l'époque.
A l'époque du drame, les proches des victimes ne réalisent pas tout de suite qu'il y a eu des problèmes de sécurité. La plupart étaient originaires du coin, avaient une carte pour prendre le tunnel, l'empruntaient souvent et ne se posaient pas de question... Mais très vite, les analyses révèlent de graves problèmes.
Un tunnel décrié
Après le drame, on a découvert que les liens étaient très tendus entre le maire de Chamonix et les exploitants du tunnel. Durant les quatre jours après l'incendie, Michel Charlet aura beaucoup de mal à obtenir des informations. le maire était pourtant gestionnaire du poste de secours.
Bien avant l'incendie, les Chamoniards ne cachaient pas leur répulsion envers le tunnel, jugé pollueur. Beaucoup auraient souhaité le voir fermer. Les associations locales refusaient toute subvention provenant de l'autoroutier.
Un site à haut risque
Plusieurs pompiers ont été blessés dans l'incendie du tunnel. A un moment, ils n'avaient plus d'air dans leur camion, l'un d'eux en est mort. Mais ils n'ont pas hésité à se jeter à corps perdu dans cet enfer, tout simplement pour sauver des vies.
Avant 1999, il y avait peu d'exercices d'entraînement des pompiers dans le tunnel, un site pourtant classé à risque. Si les normes de sécurité sont aujourd'hui mieux respectées, le tunnel reste un ouvrage de grande longueur, de faible largeur, bi directionnel et mono tube, avec un fort risque de choc frontal...
Le procès en 2005
Le procès qui a suivi le drame s'est ouvert en 2005 et fut éprouvant pour les familles de victimes, confrontées alors aux causes de la mort de leurs proches. Un procès difficile aussi pour le chauffeur belge du camion à l'origine de la catastrophe.
Au total, quatre entreprises ont été mises en examen. Les sociétés gestionnaires du tunnel, côté français, côté italien et leur filliale. Mais aussi Volvo, le constructeur du camion à l'origine de l'incendie.
Douze personnes physiques ont été mises en examen également, quatre employés italiens du tunnel et autant de salariés français. Parmi eux, le régulateur Pascal Claret-Tournier. Le PDG, Rémy Chardon (un proche de Jacques Chirac), et le directeur d'exploitation.
Gérard Roncoli, le chef de la sécurité du Tunnel. Ses manquements et ses mauvais réflexes seront au coeur du procès.
La représentante de l'Etat au Conseil d'administration.
Le maire de Chamonix, Michel Charlet. Il était gestionnaire du centre de secours.
Gilbert Degrave, le chauffeur belge du camion Volvo. La Cour lui reproche de s'être arrêté au milieu de la voie. Et non sur le côté. Lui dira ne pas avoir eu la place. Mais lors du procès, ses déclarations confuses seront parfois jugées contradictoires.