A Annecy, l'avocate Olivia Symniacos défend les droits de tous les animaux devant la justice

Spécialiste en droit animalier, Olivia Symniacos est à la tête d'un cabinet basé à Annecy. Elle y défend le droit des propriétaires et des animaux dans de nombreuses affaires. Elle a accepté de livrer, dans "Vous êtes formidables", quelques conseils pratiques.

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En France, on dénombre potentiellement 76 millions de « clients » pour Olivia Symniacos. Avocate en droit animalier, elle a en effet choisi de s’investir dans la cause animale en créant un cabinet spécialisé, d’abord à Bourg-en-Bresse, avant de le déplacer, il y a quelques mois, à Annecy.

Et pourtant, cette originaire de Martigues (Bouches du Rhône) ne voulait surtout pas devenir avocate, même après avoir rejoint la fac de droit. Ni même notaire. « Pour moi, exercer une profession libérale signifiait se débrouiller toute seule. A l’époque, je pensais que je ne pourrai pas me débrouiller seule. Et ce métier ne faisait pas rêver du tout. » D’autant moins qu’Olivia avoue détester prendre la parole en public. « Je prends sur moi » confirme-t-elle.

En revanche, elle s’est –très tôt- trouvé une affinité avec les animaux. Dès l’âge de 3 ans, elle admirait… Allain Bougrain-Dubourg qu’elle suivait à la télévision. « Je l’admire encore ! » assure-t-elle. « J’aimais la relation qu’il avait avec les animaux. C’était assez léger tout en étant sérieux. Il nous apprenait plein de choses, tout en restant ludique. Et puis, je trouve que c’est une belle personne. » Elle a d’ailleurs fini par le rencontrer une fois, et elle n’a pas été déçue.

Si elle les porte dans son cœur depuis toujours, Olivia Symniacos n’a pas toujours été propriétaire d’animaux. Elle a d’abord étudié le droit pour devenir juriste en entreprise. Et c’est ensuite, à Lyon, loin de ses parents restés à Toulouse, qu’elle a trouvé sa véritable voie. « Il a fallu murir très vite. » Elle y est devenue avocate, finalement, par un concours de circonstances, et de possibilité de s’associer.

Le droit des animaux est partout

Puis elle s’installe à Bourg-en-Bresse, où elle ne va pas vraiment faciliter la vie du maire, Jean-François Debat. « Au début, j’étais un peu pénible. Je lui écrivais souvent, mais il me répondait. » Une correspondance liée à la présence, à l’époque, de cirques avec animaux sauvages dans la ville. Des relations, d’abord tendues, qui finiront par s’aplanir. « J’ai fini par collaborer avec cette ville pour rédiger le guide de l’animal en ville, lancé en 2021. »

Aujourd’hui, Olivia est à la tête d’Animalex, un cabinet spécialisé dans le droit des animaux. Selon elle, l’animal est présent partout dans le droit. « Lorsque vous achetez un chien, par exemple, cela relève du droit des contrats. Si ce dernier mord quelqu’un, vous êtes responsable. Même les animaux sauvages, qui n’appartiennent à personne, font partie de la société. Sans parler du trafic d’animaux, de ceux que l’on mange, avec lesquels on fabrique des vêtements… Ils sont vraiment partout » énumère-t-elle.

Un être sensible... mais un bien matériel

La loi actuelle concernant les animaux est, pourtant, un paradoxe. Depuis 2015, ils sont considérés comme des êtres vivants doués de sensibilité… tout en restant un bien matériel. « Un paradoxe dont il faudra bien sortir à terme», estime l’avocate spécialisée. « Il faudra, je pense, créer une troisième catégorie. La sensibilité animale est en réalité reconnue depuis 1976, dans le code rural. Et donc, depuis 2015, dans le code civil, ce qui a représenté une petite révolution. »

Pour Olivia Symniacos, ce changement de loi a mis en lumière le statut de l’animal et la nécessité de le faire évoluer. « Des pays comme la Belgique ou la Suisse sont en avance. Notamment concernant l’abattage, où on a une obligation d’étourdir les animaux, qui n’existe pas en France. Dans notre pays, on a encore la corrida, des chasses traditionnelles… Mais on avance. C’est ce qui compte » espère l’avocate qui reconnaît qu’il est difficile de se battre contre certains lobbys.

Une loi récente qui augmente la vigilance

Dans les tribunaux, cette reconnaissance de la sensibilité animale datant de 2015 a entraîné une hausse du nombre d’affaires. «Avant cette loi, Il n’y avait pas forcément de dépôts de plaintes. Aujourd’hui, quand un citoyen voit un voisin tabasser son chien, il a davantage le courage d’aller le signaler. On est beaucoup plus sensibilisés à ce qu’est un animal », témoigne-t-elle.

Conséquence logique : l’activité de ce cabinet spécialisé est riche et variée. Des problèmes des particuliers propriétaires d’animaux domestiques à ceux liés, par exemple, aux arrêtés préfectoraux autorisant l’abattage de faune sauvage, en passant par les actes de maltraitance, les dossiers ne manquent pas.

Des juges sensibles à la cause animale

Pour Olivia Symniacos, la justice évolue sur ces sujets au même rythme que l’ensemble de la société. « Il y a une évolution des consciences dans toutes les professions. Je n’ai quasiment – à une exception près- jamais été confrontée à un magistrat totalement insensible à la cause animale », témoigne l’avocate spécialisée.

Pour mieux défendre ces animaux, Olivia a suivi une formation à l’école nationale des services vétérinaires. « Je pense que c’est important de bien les connaître. Il faut expliquer, par exemple, lorsque l’on parle de mauvais traitements sur des animaux de rente, aux magistrats pourquoi en quoi ces animaux sont victimes de tels actes. Les cochons, les vaches, ce n’est pas comme les chiens et les chats. Les magistrats ne les connaissent pas forcément. Dans mes dossiers, il a fallu, autre exemple, expliquer pourquoi un reptile, vivant dans un petit terrarium, sans enrichissement, sans eau, est, de fait, maltraité. »

"Vous êtes formidables" présenté par Alain Fauritte

Les conseils de la spécialiste en droit animalier

Prenons des cas précis : peut-on, par exemple refuser une location au propriétaire d’un animal, et sous quel prétexte ? « Oui, on peut vous refuser si vous avez un chien catégorisé. Il existe deux catégories de chiens d’attaque, et de chiens de défense. En revanche, cela ne marche pas si ce chien simplement une sale tête. »

Prenons l’exemple d’un divorce. Comment gérer le futur d’un animal de compagnie en cas de séparation ? « Cela se réglera de la même manière que pour les biens, puisque l’article de loi dit que les animaux sont soumis à ce régime. En fait, il existe forcément un acte d’acquisition de l’animal, ou un contrat d’adoption. Il y a tout un faisceau d’indices sur lesquels un juge va pouvoir trancher. »

Autre cas : quel est le recours possible lorsqu’un animal a été volé ? « La première chose a faire est de déposer plainte. Il faut rappeler que l’identification des animaux est obligatoire en France. Malheureusement, on voit encore beaucoup d’animaux volés ou perdus qui ne sont pas identifiés. Quand on aime son animal, c’est indispensable. C’est la première manière de le retrouver. »

Et si un animal a été mal soigné par son vétérinaire, existe-t-il des recours ? « Les vétérinaires ont une triple responsabilité ordinale, pénale et civile. Elle peut donc être engagée, soit devant leur ordre, soit devant une juridiction civile, voire, plus rarement, pénale. »

Enfin, que faire si le chien du voisin a tué votre chat ? « C’est exactement comme si votre enfant allait casser le vélo du voisin. C’est une responsabilité civile, et non pénale. Inutile d’aller déposer plainte. »

REPLAY : Voir ou revoir l'intégralité de l'émission avec Olivia Symniacos

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