En Haute-Savoie, 22 000 personnes attendent actuellement un logement social. Mais 4 000 seulement sont attribués chaque année. La demande a augmenté de 50 % ces 10 dernières années. Les sans-abri se tournent vers les associations solidaires, comme Unis-Vers-Tous, à Annecy.
En Haute-Savoie, la demande pour le logement social est particulièrement tendue ces dernières années. Le délai d'attente peut atteindre 36 mois. Alors, beaucoup de personnes désargentées sont contraintes au logement "forcé", au mieux dans la chambre d'ami, au pire dans une voiture.Le logement, on le perd souvent à la suite d'un accident... de la vie. Séparation, licenciement, ou simplement CDD non renouvelé. Ensuite, c'est le cercle vicieux. Pas d'adresse, pas de boulot. Sans salaire, pas de logement, bref la descente infernale. Jusqu'à la rue, et la rupture du lien social.
Les sans-abri n'ont souvent même plus la force de demander de l'aide. Dernier espoir : la générosité de quelques-uns. Unis-Vers-Tous par exemple. Cette association annécienne n'a que 3 mois et pourtant elle s'avère déjà incontournable.
Reportage Jordan Guéant, Yves-Marie Glo et Philippe Caillat
Intervenants : Farida, Roland, Ibrahim, sans-abri, Radia Haberih Présidente de l'association "Unis vers tous", Michel Rimboud Vice-président CMCAS / Comité d'entreprise EDF-GDF Pays de Savoie
En France, selon le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre, 4 millions de personnes sont "sans-abri, mal logées ou sans logement personnel".
Le nombre de personnes sans domicile a augmenté de 50 % entre 2001 et 2012. Et celui des personnes en "hébergement contraint chez des tiers" de 19 % entre 2002 et 2013.
Les Français sont 44% de plus qu'en 2006 à se priver de chauffage à cause de son coût.
Le nombre d'expulsions locatives (avec le concours de la force publique) a atteint son record en 2015, avec 14 363 explusions, 33% de plus qu'en 2006.
Parallèlement, l'effort public en faveur du logement, malgré de nombreuses initiatives, semble stagner sur les 10 dernières années.
Le système d'attribution HLM passé au crible par la Fondation Abbé Pierre
Relative opacité, multiplicité des réservataires et des filières d’attribution, préférence communale, discriminations, publics prioritaires qui passent après les autres, ménages à bas revenus défavorisés ou orientés vers les quartiers dégradés.
Un groupe de travail très large sur l'attribution HLM a conclu en 2013 que « l’accord est général pour souligner l’opacité du système, non seulement pour le demandeur mais aussi pour l’ensemble des parties prenantes, et pour armer, dans ces conditions, la nécessaire réforme de l’attribution des logements sociaux ».
Au final, derrière le maquis des procédures, le système tend à défavoriser ceux qui devraient être les mieux traités.
La conclusion de l’analyse statistique menée par le Lab’Urba pour le Défenseur des droits en 2015 est claire :
« Les ménages aux revenus mensuels inférieurs à 1 500 euros sont en effet plus présents au sein des demandeurs qu’au sein des attributaires. Et inversement, les ménages à revenus élevés sont plus représentés parmi les attributaires que parmi les demandeurs. Le processus d’attribution, le contexte de l’offre seraient finalement plus favorables aux candidats les plus aisés, les moins modestes. »