La présidente de l'agglomération du Grand Annecy, Frédérique Lardet, est visée par une plainte pour des faits de harcèlement moral, déposée par trois cadres de la communauté. Depuis près d'un an, un sentiment de mal-être au travail aurait gagné une partie du personnel. Dans un communiqué, Frédérique Lardet a dénoncé une "cabale".
Depuis plusieurs mois, la communauté d'agglomération du Grand Annecy traverse une crise profonde. Et elle n'est pas près de s'arrêter. La procureure d'Annecy, Line Bonnet a ouvert, il y a 15 jours, une enquête préliminaire pour harcèlement moral contre X. Faisant ainsi suite à un courrier reçu fin décembre, évoquant des faits pouvant s’apparenter à du harcèlement moral.
Selon nos informations, une plainte a été déposée, mardi 13 février, pour des faits de harcèlement moral, par trois cadres du Grand Annecy. Elle vise explicitement la présidente de la structure, Frédérique Lardet.
Deux agents en arrêt maladie
Celle-ci a souhaité réagir ce mardi : "La cabale continue, a réagit la présidente dans un communiqué de presse, le jour même. Ce mélange des genres relève d'un conflit purement politique et d'une instrumentalisation des procédures. [...] J'espère que cette enquête permettra enfin de me donner la parole, afin d'exprimer ma version des faits !" Elle a également fait savoir qu'elle se "réserve le droit d'engager d'autres poursuites contre ceux portant des propos calomnieux et souvent erronés sur la place publique".
Quelques jours plus tôt, les organisations syndicales du Grand Annecy adressaient aux élus de la communauté d'agglomération une lettre ouverte, pour "partager [leur] constat sur l'état des lieux de notre collectivité et [leur] demander d'apporter des solutions".
"Après des mois et des mois d’alerte, [...] force est de constater que la crise à l’agglomération du Grand Annecy atteint son paroxysme", écrivent-ils encore. "La souffrance au travail ne concerne pas que les seuls directeurs ou chefs de service, mais bien l’ensemble du personnel." Les syndicats précisent que deux agents ont obtenu la "reconnaissance de [leur] maladie en maladie professionnelle".
Une communication en dents de scie
Tout a commencé en mars 2023, lorsqu'un mouvement de grève éclate au sein du Grand Annecy. En juillet, la cellule de signalement du Centre de gestion (CDG) 74 est saisie, mettant en cause Frédérique Lardet. "Souffrance au travail", "découragement", "perte de sens", "crainte"... Son compte-rendu, que France 3 a pu consulter, est sans appel : les experts mandatés préconisent la réalisation d'une "enquête administrative", dès le 10 août. Un cabinet indépendant est alors mandaté.
Mais l'automne venu, pas de rapport d'enquête à l'horizon. Les élus s'inquiètent. "Le 15 novembre, je suis de ceux qui ont à nouveau alerté sur la question grave du mal-être d’un certain nombre d’agents de l’agglomération, énonce Antoine de Menthon, conseiller communautaire et président du CDG 74, lors du conseil communautaire du 21 décembre.
"Vous n’avez apporté aucune réponse, vous vous contentiez de nous dire que vous aviez confié le dossier des ressources humaines à la première vice-présidente, qui nous a expliqué qu’une enquête administrative a été diligentée. C’est bien là le strict minimum", s'était-il adressé à Frédérique Lardet lors de ce même conseil communautaire.
Des propos contre lesquels Frédéric Lardet a porté plainte, le 30 janvier 2024, pour "dénonciation calomnieuse". D'après un courrier interne adressé aux représentants FO et CFDT du personnel du Grand Annecy, daté du 13 février 2024, le rapport d'enquête du cabinet Equinox a bien été rendu "le 10 janvier 2024". "Toutefois, ce document n'est pas communicable en l'état."