Alors que s'est déroulée jeudi 21 l'évacuation des sans-papiers qui logeaient dans l'ancienne école des Fins, à Annecy (Haute-Savoie), la Ligue des droits de l'homme continue à se battre pour qu'ils soient relogés.
"On appelle tout le monde, tout notre réseau, les églises, les particuliers… Il y a cinq familles à loger". Jeudi 21, la Ligue des droits de l'homme d'Annecy et son président par intérim, Cyrille Jeancler, étaient sur le pied de guerre devant la mairie, aux jardins de l'Europe. L'évacuation de l'ancienne école des Fins, en début de matinée, a mis l'association en branle-bas de combat.
Pourtant, l'intervention d'une cinquantaine de policiers pour déloger les sans-papiers qui vivaient là n'était qu'"une demi-surprise" pour Cyrille Jeancler. Depuis cet hiver, ils étaient nombreux à vivre dans cet hébergement d'urgence géré par l'association Gaia. Mais en mars, au terme de la trêve hivernale, ses occupants auraient dû libérer l'ancienne école. Ils sont finalement restés, faute d'option de relogement.
Jeudi 21 juillet, ce sont 65 personnes qui en ont été évacuées par une cinquantaine de policiers, dont 14 familles. "Des enfants de trois ans se retrouvent à la rue" précise le responsable de l'association. Les trois-quarts des sans-papiers concernés sont d'origine kosovarde. Une autre partie est albanaise, et plusieurs personnes viennent de Guinée ou de l'Angola.
Prévenir toute injustice
C'est pour l'association une crainte bien réelle, car il y a des précédents: récemment, une famille aurait été expulsée vers le Kosovo sans la moindre procédure judiciaire. Le défenseur des droits Jacques Toubon ainsi que le Conseil d'Etat auraient d'ailleurs rappelé à l'ordre le préfet de Haute-Savoie. Car la loi est formelle. "Quelle que soit la famille et quel que soit son statut, s’il y a des enfants, il faut s’en occuper", martèle le militant, qui ajoute : "ils se moquent de la justice".
La Ligue des droits de l'homme craint donc pour certaines familles dont ils ont suivi le parcours. Il y a cette Guinéenne dont la fille, issue d'une relation avec un expatrié français en Guinée, est aujourd'hui scolarisée en France. La fillette de 13 ans peut rester, mais pas sa mère, qui pourrait être renvoyée sur le continent africain. Il y a également ce Kosovard, blessé en Irak alors qu'il combattait pour les forces occidentales, dont il ne reste que la moitié d'un rein. Une autre famille, angolaise, avait trouvé refuge en France pour échapper à la guerre.
Plusieurs personnes ont été relogées en hôtel pour quelques nuits. L'urgence, pour l'association, est de trouver une solution pour les familles qui se sont retrouvées à la rue. Et de veiller à ce que la loi soit respectée.