Driss Ouhmid, jugé pour le meurtre de sa compagne devant les assises de Haute-Savoie, est resté impassible lors de l'audience ce mercredi. Malgré les mots de sa fille de 8 ans qui s'est adressée à lui dans une lettre. L'accusé a été arrêté en 2019 avec le corps de sa compagne dans une valise rangée dans son coffre de voiture.
"Appelle, peu importe l’heure." Il est 21 heures le 17 août 2019 quand Mona* reçoit ce message de son frère. Driss Ouhmid se trouve alors en Italie d'où il fait route vers Annecy pour se rendre aux autorités. Sa voix est calme lorsqu’il lui expose la situation. "Il m’annonce que Marianne est morte. Il me dit qu’elle est dans le coffre." Mona s’emporte, crie au téléphone. Lui ne laisse rien paraître, "comme à son habitude".
Au quatrième jour de son procès pour le meurtre de sa compagne mercredi 30 mars, Driss Ouhmid, recroquevillé sur le banc des accusés, a écouté ses frères et sœurs raconter cette nuit où il leur a annoncé la mort de Marianne Chèze. Il les a appelés tour à tour en commençant par Farid*. "Je ne le dirai qu’une seule fois. J’ai tué Marianne", lui dit-il sans parvenir s’expliquer sur son geste.
La thèse accidentelle écartée par le légiste
Driss Ouhmid livrera sa version des faits jeudi devant la cour d’assises de la Haute-Savoie. Celle qu'il a donnée au cours de l'instruction, une strangulation involontaire, a été "formellement écartée" par l'expert légiste entendu mercredi 30 mars par la cour. Cette hypothèse "ne peut être admise car l’état asphyxique est extrêmement marqué". En cas d’accident, "la pression aurait été beaucoup moins soutenue". Là encore, le visage de l'accusé est resté figé.
Même lorsque deux éducatrices ont décrit l'enfance "brisée" de sa petite fille de 8 ans. "Elle est en train de se rendre compte que si sa maman n’est plus là, c’est à cause de son papa", a rapporté l’une d’elles.
"J’ai dit à papa de ne pas tuer maman mais il l’a fait quand même. C’est de ma faute", répète la fillette qui revit le meurtre de sa mère "comme un film dans (sa) tête". Des "flashes" incessants qui pourraient provenir du récit que lui a livré un proche, sans certitude des éducateurs.
"Mon cœur est déchiré en deux"
"La petite était un volcan. En colère, en souffrance permanente", décrit son oncle, partie civile dans ce dossier. Au décès de Marianne Chèze, il a accueilli les deux enfants de sa sœur chez lui pendant un temps, avant le placement de la cadette. "C’est horrible quand un enfant vient vous voir en vous demandant si c’est vrai que papa a tué maman."
"Je me pose les mêmes questions que ma fille et je n’ai pas forcément les réponses", a succinctement réagi Driss Ouhmid. Son fils aîné de 11 ans vit, lui, toujours chez son oncle. Il veut devenir militaire ou Youtubeur. Ce petit garçon, très "renfermé sur lui-même" à la mort de sa mère, s'est progressivement "ouvert aux autres", raconte sa tante avec émotion. "Aujourd’hui, il a une maison et il a des parents."
Avec ses mots d'enfant, sa petite sœur a posé toutes ses questions à son père dans une lettre lue devant la cour. "Je t’aime très fort, mais pourquoi t’as fait ça à maman ?", lui demande-t-elle avant de rectifier, quelques lignes plus bas : "Je ne t’aime pas, t’es un criminel". "Mon cœur est déchiré en deux", décrit finalement la fillette. Entre un papa dont elle espère des réponses et une maman qui lui "manque beaucoup, beaucoup, beaucoup..."
(*) Les prénoms ont été modifiés.