"Mentalement, c’est très dur" : à Samoëns, le Championnat du monde de nage en eau glacée réunit 500 athlètes

Le Championnat du monde de nage en eau glacée se déroule jusqu’au 15 janvier à Samoëns, en Haute-Savoie. Les épreuves se déroulent dans une eau qui ne dépasse pas les 5 degrés… Et la combinaison est interdite ! Nos confrères de l’AFP ont assisté à l’une des épreuves reines de la compétition.

Du 11 au 15 janvier, près de 500 athlètes de 33 pays participent au 5e Championnat du monde de nage en eau glacée à Samoëns, en Haute-Savoie. Egalement appelée "Ice Swimming", la discipline est plutôt insolite comme ont pu le constater nos confrères de l’AFP qui ont assisté à l’une des épreuves.

Nager dans une eau à moins de 5 degrés

A l'appel du juge de course, un premier groupe de nageuses en maillots et bonnets se glissent dans le bassin de 25 mètres tout juste débarrassé de sa couche de glace. Dessous, la température est de 4,3 degrés, fraîcheur conforme pour cette jeune discipline qui se pratique dans des eaux à moins de 5 degrés.

Sur les bords, l'atmosphère est concentrée : le 1 000 mètres, catégorie reine, est aussi "la course de tous les dangers" en raison des risques d'hypothermie. La température corporelle peut chuter à 32-33 degrés, glisse une juge. Pour parer à toute défaillance, les nageurs sont étroitement surveillés par des dizaines d'officiels, secouristes et plongeurs qui peuvent les contraindre à sortir de l'eau s'ils perçoivent un danger. Chaque compétiteur est en outre accompagné d'un "chaperon" veillant au grain. "Le froid est très trompeur, ils sont dans une sorte d'euphorie", explique une autre responsable. 

Un défi personnel

Après la course, les nageurs mi-hébétés, mi-exaltés, la peau marbrée par la morsure du gel, sont dirigés vers les "salles de réchauffement" où ils enchaînent en plusieurs étapes sauna et jacuzzi. Un "travail de récupération et de retour au chaud qui demande énormément d'énergie", explique le commentateur de la course au micro.

La discipline attire surtout des quadragénaires et quinquagénaires en quête de dépassement et de défi personnel. Les plus jeunes viennent souvent du monde de la natation classique comme Ludivine Blanc, 27 ans, qui a battu jeudi un nouveau record mondial en 50 mètres dos. "J'ai très peur du froid, c'est vraiment une phobie. Du coup je m'y mets !", sourit-elle, à peine sortie de l'eau.

La "sirène des glaces"

Pour se préparer au grand bain glacé, chacun a sa méthode. Barbara Hernandez, grande Chilienne brune de 37 ans, s'est entraînée "parmi les glaciers du sud du Chili en Patagonie, et aussi dans les montagnes".

En février j'irai aussi en Antarctique. Au Chili, et ici aussi, on m'appelle la sirène des glaces.

Barbara Hernandez, participante

à l'AFP.

A défaut de cadre aussi exceptionnel, certains nageurs prennent des douches froides ou ont chez eux "des bacs avec des glaçons", explique Catherine Plewinski, la directrice de la compétition, elle-même ancienne championne de natation.

L'adaptation se fait petit à petit, comme pour n'importe quelle discipline.

Catherine Plewinski, la directrice de la compétition

à l'AFP.

Un autre participant, Florian Milesi, mise pour sa part sur des exercices de respiration et sur de courts séjours dans un congélateur. "J'ai fait deux fois trois minutes à 0,3 degré pour me préparer. Quand je rentre dans l'eau ça ne me paraît pas froid", explique-t-il. C'est un sport qui tend à "attirer un peu tous les fous", admet-il.

"Idée farfelue"

La pratique du bain glacé existe de longue date - elle constitue notamment un rituel bien ancré dans les pays orthodoxes lors de l'Épiphanie, le 19 janvier.

L'"idée farfelue" de la transformer en compétition de natation a germé il y a une quinzaine d'années dans la tête d'un ancien entrepreneur sud-africain, Ram Barkai, célèbre dans la sphère pour ses aventures en milieux extrêmes. Ce fringant sexagénaire organise des stages de natation en Antarctique et a fondé en 2009 l'International Ice Swimming Association afin de fournir un cadre sécurisé et de le "professionnaliser".

"Ces 15 dernières années, on m'a dit dans absolument toutes les langues que je suis fou, que c'est dangereux et stupide mais j'y ai cru", rigole-t-il.

"Les gens adorent ça", souligne-t-il, désignant le public enthousiaste rassemblé au bord du bassin de Samoëns. "C'est une combinaison très intéressante de stimulation et de défi, comme du feu dans la glace. Mentalement, c'est très dur mais quand vous sortez, les gens marchent sur l'eau".

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