Dix listes dites "communautaires" ont été recensées en France par les préfets, en vue du prochain scrutin municipal. Parmi elles se trouve une liste à Annecy, en Haute-Savoie. A la tête de "Vivre ensemble à Annecy", Daniel Salem Chiad conteste ce signalement.
Daniel Salem Chiad est furieux. La tête de liste "Vivre ensemble à Annecy" a appris que sa liste pour les prochaines municipales avait été considérée comme "communautaire" par la préfecture de Haute-Savoie. Il dément totalement ce signalement.
"Je ne comprends pas. J'aimerais connaître sur quels critères on se base pour affirmer que ma liste est communautaire. C'est hyper malsain. Je pense même que ma liste est la moins communautariste parmi toutes celles des candidats à la mairie d'Annecy", s'est défendu Daniel Salem Chiad, qui a précisé qu'il faisait partie du groupe interreligieux auprès du diocèse d'Annecy. "Ils m'ont assuré leur encouragement et leur soutien ferme contre cette attaque injustifiée. C'est une accusation mensongère et raciste."
"Je ne comprends pas une telle ineptie"
Un article, publié dans Le Monde, mentionne que la liste conduite par M. Chiad s'est présentée, selon la Place Beauvau "pour protester contre l'impossibilité d'un lieu de culte digne de ce nom". Le maire, Jean-Luc Rigaut, émet l'hypothèse d'une réaction d'une partie de la communauté musulmane liée à la fermeture fin janvier d'une mosquée à Meythet, près d'Annecy. Chiad nie en bloc : "Nous n'avons pas cette revendication. Je ne comprends pas une telle ineptie."
Il comptait, ce mardi 3 mars, envoyer un courrier à la préfecture de Haute-Savoie, au ministère de l'Intérieur et au président de la République pour connaître les critères de ce recensement par le préfet. Jointe par téléphone ce mardi, la Préfecture n'a pas souhaité s'épancher sur le sujet.
"Le recensement ne se base pas sur une catégorisation statistique mais sur le fruit de signalements réalisés par les préfets", fait valoir une source au ministère de l'Intérieur auprès de l'AFP. Au total, dix listes en France sont considérées comme "communautaires".
Un conducteur de tram amoureux d'Annecy
Daniel Salem Chiad, conducteur de tramways à Genève, fait l'aller-retour depuis Annecy tous les jours. Il y a deux semaines, il a décidé de se lancer dans la course aux municipales "par amour pour Annecy", mais pas uniquement. "L'abstention a dépassé les 50 % (50,2 %) lors du deuxième tour des municipales en 2014. C'est dangereux pour la démocratie. Et ce sont quasiment les mêmes protagonistes qu'en 2014..."
Il s'est donc entouré de 68 colistiers, "issus à 100 % de la société civile, un mixte générationnel et socio-professionnel". Apolitique, il voit plus sa liste, déposée vendredi 21 février, comme une liste de gauche.
"Le tram à Annecy ? Une utopie !"
S'il reconnait qu'il n'est pas spécialiste de tous les sujets, la mobilité et les transports retiennent particulièrement son attention. Il s'érige contre les candidats qui proposent la mise en place d'un tramway dans la cité haut-savoyarde.
Il propose l'instauration d'un bus "100 % électrique, gratuit pour les personnes âgées". L'urgence climatique le préoccupe également. "A Annecy, la température a en moyenne augmenté de 1° C au cours du 20e siècle et ce sera probablement pire au 21e siècle.""Ca m'horripile. Que le maire sortant (Jean-Luc Rigaut) le propose alors qu'il était ingénieur à la SNCF auparavant, c'est aberrant. Ce sont des berceuses pour endormir la population. C'est une utopie, un chantier pharaonique. C'est impossible à réaliser sauf cataclysme démographique."
Autant de sujets qui ne sont pas exposés publiquement. Pour le moment. "On a pris un peu de retard, déclare l'homme de 51 ans. Notre programme sera disponible très vite sur notre page Facebook." Faute de moyens, il n'a ni site Internet, ni la possibilité de faire des réunions publiques. Alors il se déplace notamment dans des marchés pour rencontrer les Annéciens.
Daniel Salem Chiad voit ce scrutin municipal comme un moyen de "savoir l'écho de son programme auprès de la population". Il espère récolter entre 2 et 5 % des suffrages.