Pour lutter contre la précarité menstruelle, la ville d'Annecy va installer dix distributeurs de protections périodiques gratuites, notamment à l'université. Les produits proposés seront bio et sans agent toxique.
Agir contre la précarité menstruelle et briser le tabou des règles. En cette période de crise sanitaire qui impacte durement les plus jeunes, la ville d'Annecy annonce l'installation de dix distributeurs de protections périodiques à l'université Savoie Mont-Blanc, au bureau d'information jeunesse et à la Mission locale. Les serviettes et tampons hygiéniques seront accessibles gratuitement pour les jeunes femmes dès fin février.
"Avec la crise, nous n'avons pas voulu attendre pour déployer ce dispositif. Il va être installé sur trois lieux, mais tout de suite", explique le maire-adjoint à la Jeunesse, Guillaume Tatu. Ces distributeurs vont être en phase de test pendant cinq mois, avant une éventuelle extension du dispositif. La municipalité annécienne, première en France à mettre en place cette initiative, espère nouer des partenariats avec des acteurs locaux pour l'étendre, notamment aux collèges, lycées et universités.
Une bonne nouvelle pour Eva Bayle, membre du bureau de l'association féministe Nous Toutes 74, qui "espère grandement que beaucoup plus de distributeurs soient installés assez vite". Pour les étudiantes, les femmes en situation de précarité ou issues de l'immigration, ces produits de première nécessité "coûtent cher" et devraient être pris en charge par les pouvoirs publics, selon elle.
"Les règles, c'est pas sale"
"La précarité menstruelle, ce n'est pas un problème de femmes, c'est un problème de société", soutient Guillaume Tatu qui souhaite "briser les tabous" qui entourent les menstruations. "Les règles, c'est pas sale. Et en tant qu'élus, on se doit de porter des solutions." Les protections périodiques mises à disposition seront bio, assure-t-on à la municipalité, "en coton et cellulose biologiques, sans OGM ni aucun agent toxique ou plastique, non-blanchis au chlore, sans parfum ni colorant".
Les distributeurs sont mis à disposition gratuitement par une entreprise française, mais la ville prend à sa charge leur installation et le coût des recharges en serviettes et tampons. Un budget évalué à 8 000 euros pour les cinq mois de la phase de test, ce qui permettrait d'aider quelque 3 000 jeunes femmes, selon M. Tatu. Une problématique que les élus annéciens souhaiteraient voir portée au niveau national.
Selon une étude de l'Ifop réalisée en février 2019, 39% des femmes les plus précaires ne disposent pas de suffisamment de protections hygiéniques. Et plus d'une femme sur 3 ne change pas suffisamment de protection ou a recours à l'utilisation de protections de fortune. Une femme est amenée à dépenser jusqu'à plusieurs milliers d'euros au cours d'une vie pour s'acheter des protections périodiques, selon cette même étude.