"Sans greffier pas de justice" : la profession entre en grève contre un projet de revalorisation salariale contesté

Une quarantaine de greffiers se sont réunis, lundi matin, sur les marches du tribunal judiciaire d'Annecy. La profession est appelée à la grève pour protester contre un projet de revalorisation qui ferait perdre à certains des années d'ancienneté.

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"Justice pour les greffiers". La profession, maillon essentiel du système judiciaire, entre en grève lundi 3 juillet pour obtenir "les moyens d'un service public digne de ce nom". L'intersyndicale, qui s'attend à un mouvement très suivi, proteste contre un projet de revalorisation salariale. Elle dénonce également le "mépris" dont ferait l'objet cette profession méconnue.

"Le greffier, c'est celui qui convoque toutes les parties à l'audience, celui qui est là pendant l'audience pour tenir les notes qui font foi s'il y a un désaccord sur les paroles qui ont été tenues. Il cosigne le jugement avec le magistrat, sans quoi l'acte n'est pas authentique et n'a aucune valeur juridique", résume brièvement Benjamin Vidal, greffier au tribunal judiciaire de Chambéry.

Un rassemblement était organisé lundi matin sur les marches du palais de justice d'Annecy. Une quarantaine de greffiers en grève vêtus de leur robe noire étaient présents, brandissant le slogan "Sans greffier pas de justice". La plupart d'entre eux font grève pour la première fois pour "alerter sur l'état de la justice".

Tension sur les effectifs

"On est fatigué parce que la charge de travail ne cesse d'augmenter, il y a un manque d'effectifs dans tous les services. Il faut être sur tous les fronts", regrette Lucile Martin, greffière principale au tribunal judiciaire d'Annecy. Une juridiction, selon elle, sous-dotée où les disponibilités et les détachements sont nombreux. 

"Il y a des adjoints et des greffiers qui réussissent les concours mais qui ne viennent pas sur poste à Annecy parce qu'ils ne sont pas assez payés pour trouver un logement ici. Ils sont officiellement sur poste mais on ne les voit jamais arriver parce qu'ils n'ont pas les moyens de se loger", explique-t-elle.

La France compte, d'après des chiffres de septembre 2021, plus de 10 000 greffiers. Le ministère de la Justice a renforcé ce corps en créant 675 nouveaux postes sur l'ensemble des juridictions entre 2018 et 2022. Mais le compte n'y est toujours pas selon les grévistes. "On nous annonce énormément de recrutements ces dernières années mais ça ne comble même pas les départs à la retraite", regrette Marion Loisel, greffière au tribunal judiciaire de Chambéry.

On perd des années d'ancienneté pour gagner quelques euros de plus.

Lucile Martin, greffière principale au tribunal judiciaire d'Annecy

à France 3 Alpes

Les greffiers "en colère" entendent également protester contre un projet de nouvelle grille indiciaire qui désavantagerait certains d'entre eux. "On nous propose une grille qui, sous couvert de revalorisation, ne nous accorde qu'entre 10 et 90 euros brut d'augmentation par mois suivant notre place dans la grille. Et en plus, cela nous fait reculer d'échelon. Concrètement, on perd des années d'ancienneté pour gagner quelques euros de plus", résume Lucile Martin.

L'intersyndicale a été reçue au ministère de la Justice lundi dernier sans obtenir de résultat. Estimant qu'aucune discussion sérieuse sur leurs revendications n'avait eu lieu, plusieurs syndicats ont regretté dans un communiqué commun un bilan "bien insuffisant et bien laborieux".

De son côté, le ministère de la Justice a rappelé que la rémunération des greffiers a augmenté en trois ans de 12 %. L'intersyndicale a de nouveau rendez-vous à la Chancellerie mardi matin alors que la grève se déroule au même moment que les premières comparutions immédiates à la suite des violences urbaines qui se sont produites dans plusieurs villes des Alpes.

Dans un communiqué, les premiers présidents de cours d'appel et les procureurs généraux ont dit souhaiter que les discussions en cours "permettent de trouver une solution quant à l'évolution du statut comme de la rémunération" des greffiers, "indispensables au bon fonctionnement des juridictions".

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